Le Point.fr - de notre correspondante à Lyon, Catherine Lagrange - 18/07 - Photo © Lyon Capitale 

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a cédé sa place de maire de Lyon à un proche, qui fera office de gardien du temple. Portrait.

Chirurgien urologue de renom, Georges Képénékian est un proche de Gérard Collomb qui exerce à ses côtés, depuis 2014, les fonctions de premier adjoint au maire de Lyon chargé de la culture.

Mais, comme l'entrepreneur David Kimelfeld, qui a succédé le 10 juillet au ministre de l'Intérieur à la tête de la métropole de Lyon, Georges Képénékian n'est pas un professionnel de la politique. Exerçant toujours à temps partiel à l'hôpital Saint-Joseph, « Képé », pour les intimes, se résigne aujourd'hui à abandonner l'exercice de la médecine pour se consacrer à temps plein à la ville de Lyon. « C'est quand même une partie majeure de ma vie qui va s'arrêter », reconnaît, un peu nostalgique, le nouveau maire de Lyon.

Élu depuis 2007 auprès de Gérard Collomb, Georges Képénékian affiche un engagement politique de très longue date. «Mon premier engagement a été très précoce, vers 15 ou 16 ans, pour la cause arménienne, explique-t-il avec émotion. Je le mets dans le champ politique parce que c'est une question politique. C'est la lutte contre une injustice faite à une nation.»

Issu d'une famille arménienne installée en France en 1922 pour fuir le génocide, le jeune homme, engagé au Parti socialiste arménien, était de toutes les grandes manifestations des années 1970 : « C'est là que j'ai rencontré les Hernu, Mermaz, Poperen, Queyranne et Gérard Collomb. » Le début d'une indéfectible amitié avec Gérard Collomb, qui n'était encore qu'enseignant en lettres classiques à Tarare. « On est de la même génération, et notre relation est de celles qui naissent dans l'engagement. Gérard est d'une fidélité absolue à la cause arménienne comme à d'autres. C'est ce qui fait que je suis là aujourd'hui. »

Favoriser le dialogue entre les institutions culturelles

Quand Gérard Collomb lui propose, en 2001, d'intégrer ses rangs, « Képé » décline, trop occupé au chantier de restructuration de l'hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc qu'il dirige. C'est en 2007 qu'il accepte la proposition renouvelée par Gérard Collomb. « Quand il m'a demandé ce que je voulais faire, je lui ai suggéré les affaires sanitaires, ou l'Europe, parce que j'avais beaucoup navigué à cause de mes engagements arméniens, se souvient Georges Képénékian, mais il m'a proposé la culture ! » Un choix qui relève d'une certaine logique pour celui qui était déjà très engagé dans les œuvres de la Fondation Bullukian pour la culture.

« Et Gérard savait que pour moi, fils de migrants qui a parlé l'arménien à la maison jusqu'à l'âge de 5 ans, la culture est une obsession, dans son héritage comme dans sa transmission. » Dans cette mission, l'adjoint s'est appliqué à favoriser le dialogue entre les institutions culturelles lyonnaises. Mais l'engagement arménien, la médecine, la politique, tout cela forme un tout pour le nouveau maire de Lyon. « Au cœur de tout cela, il y a la notion d'être au service des autres », considère-t-il, attribuant à sa famille ce sens du service. « Mes parents m'ont appris à être reconnaissant envers le pays qui nous a accueillis et à rendre ce qu'on a reçu. C'est ce qui est à la croisée de tous mes engagements. »

La succession de Gérard Collomb n’est pas ouverte.

Aujourd'hui, Georges Képénékian, membre du PS mais d'aussi de La République en marche, inscrit cette fin de mandat dans « la continuité » de ceux de Gérard Collomb. Seule différence, il ne cumulera pas, comme son prédécesseur, la fonction de maire avec celle de président de la métropole lyonnaise, cumul désormais interdit par la loi. Il devra travailler avec David Kimelfeld, un autre proche de Gérard Collomb, nouveau président de la métropole.

Georges Képénékian, nouveau maire de Lyon, sera aussi le gardien du temple. « La succession de Gérard Collomb n'est pas ouverte », prévient-il. Le ministre de l'Intérieur, qui garde un œil attentif à Lyon malgré sa nouvelle charge, n'exclut pas de reprendre sa charge avant la fin du mandat. Interrogé le 11 juillet par Le Progrès, il indiquait : « La porte est toujours ouverte. Le poste que j'occupe est à la disposition du président de la République, et du Premier ministre. Rien n'est gravé dans le marbre. » Saluant l'élection de ce fidèle au poste qu'il occupait depuis seize ans, Gérard Collomb a dit « le déchirement » qu'il éprouvait au moment d'abandonner ses fonctions de maire : « Mais j'avais tant vanté le modèle lyonnais qu'au moment où il s'est mis en place au niveau national en rassemblant largement nos concitoyens je ne me suis pas dérobé à l'appel qui m'était lancé. »