Unis dans le souvenir

D’emblée, Thomas Gergely - qui faisait office de maître de cérémonie - avait situé la dimension exceptionnelle de la commémoration : "En ce 65e anniversaire de la libération d’Auschwitz, c’est à un important passage de flambeau mémoriel que l’on assiste puisque la troisième génération va prendre le relais "

Le traditionnel hommage annuel à la Grande synagogue de Bruxelles et d’Europe, dimanche matin en souvenir des victimes de la Shoah, fut aussi hors du commun en raison de la présence d’un représentant du Roi et, surtout, du nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr André-Joseph Léonard qui, on le lira ci-dessous, fut particulièrement ému par la cérémonie. A noter qu’il ne fut pas le seul haut représentant des cultes et de la morale non confessionnelle : dans l’assistance, avaient aussi pris place les plus hauts dignitaires protestants, Guy Liagre et Francis Renneboog, mais aussi le président du Centre d’action laïque, Pierre Galand.

Cette participation très plurielle et pluraliste - il y avait également de nombreux élus locaux et régionaux à côté du président du Sénat De Decker et des ministres d’Etat Eyskens et Lallemand - fut mise en exergue par le président de la communauté israélite de Bruxelles, Philippe Markiewicz, qui rappela que "la victoire sur le nazisme, ce n’est pas seulement d’avoir survécu, c’est aussi de combattre partout pour une société meilleure et pour parvenir à un monde de sagesse et de beauté". Et peu importe qu’il y eût "des juifs, des non-juifs, des pratiquants, des non-pratiquants, des agnostiques, des athées, [ ] la différence réside entre l’être qui a une vision morale, éthique; celui qui a la volonté de soutenir l’autre avec fraternité avec celui qui ne s’occupe que de lui-même".

Philippe Markiewicz lança, enfin, un appel à l’union "afin de préserver notre démocratie éclairée de tout extrémisme, de tout populisme, quel qu’il soit, car c’est l’extrémisme qui a conduit à la Shoah".

Micha Eisenstorg, le président de l’Union des déportés juifs en Belgique, Fils et filles de la Déportation, interpella, pour sa part directement, le monde politique en réitérant publiquement la demande de réaliser une enquête parlementaire complémentaire au rapport sur la collaboration de certains niveaux de pouvoir belges à la Shoah.

Le Grand Rabbin, enfin, fit un appel à la vigilance : "Malgré le temps écoulé, Auschwitz n’appartient pas au passé", car "ce qui s’est produit une fois peut se produire à nouveau". "Car", a poursuivi Albert Guigui, "Auschwitz vit dans les plans de ceux qui méditent une nouvelle destruction du peuple juif. Auschwitz revit dès qu’un homme est maltraité. Auschwitz revit dès qu’un homme est exploité, affamé" "Mais la jeunesse ne devrait pas revivre cela." Tout symbolique ici fut, dès lors, l’interprétation en guise de finale du chant des Partisans juifs par la chorale de l’Ecole Maïmonide après une émouvante Brabançonne.

Christian Laporte

01/02/2010

www.lalibre.be