« La Patrie est en danger », lancions-nous, il y a trois ans (Hay, n°273). Le diagnostic reposait sur le constat inquiétant de la progression du cancer négationniste en Belgique, trop nombreux exemples à l’appui.

 

Trois ans plus tard, il se confirme que l’appareil d’Etat est bien neutralisé. En effet,  aucune agression négationniste anti-arménienne, pourtant dénoncée, n’a été condamnée officiellement. Le pouvoir reste muet, comme paralysé.

 

En 2005, le gouvernement a empêché le vote d’une loi étendant la répression du négationnisme, au prétexte que réprimer n’était pas le meilleur moyen de le réduire. Il était question d’éduquer, d’enseigner et de convaincre par la raison. On osait même prétendre que  les lois anti-racistes existantes étaient suffisantes. Depuis lors, aucune mesure alternative n’ayant été mise en œuvre par le pouvoir, à l’exception du mirage du décret « Mémoires » de la Communauté française, il se vérifie qu’en 2005 c’est bien la mauvaise foi qu’il l’a emporté.  

 

Aujourd’hui, il ne peut plus faire de doute que l’Etat n’a plus le choix. Si la Belgique veut sortir de son aliénation, si elle veut redevenir elle-même, c’est-à-dire un pays fier de ses racines démocratiques ancrées au cœur de l’Europe, si elle veut à nouveau être aimée des Belges dans une solidarité retrouvée, elle doit, par une loi, en bannissant le négationnisme,  fermer ses frontières au génocide, comme à la haine et au racisme. C’est élémentaire.

 

Le voile islamique ou la place des religions peuvent certes mériter discussion, mais il y a des priorités. Une démocratie ne peut fonctionner lorsque la délinquance tient le haut du pavé. Elle a besoin d’ordre et de bonnes moeurs, c’est-à-dire de morale. A défaut, il ne peut être reproché au citoyen de se méfier de son voisin, de son employeur, de son bourgmestre, de son député, et de l’Etat tout entier. Il ne peut être reproché au riche de ne plus se sentir solidaire du pauvre, et au pauvre de ne plus supporter la vue d’un riche.

 

En 1997, la Commune d’Ixelles a érigé un monument à la mémoire des victimes du génocide. En 1998, le Sénat a reconnu le génocide. Ces deux gestes ont été posés en toute liberté, à l’abri de toute pression. Ils ont exprimé la volonté populaire. Le peuple n’a pas changé, ou si peu. En revanche, ses élus semblent à la dérive. Qu’ils fassent donc, comme les Juifs, les Tutsi et les Arméniens, leur devoir de mémoire. Le passé de la Belgique est source édifiante de fierté. Ils y trouveront la lumière et la voie du rétablissement la confiance, qui passe par une loi étendant la  répression du négationnisme.

 

M. Mahmourian.

 

Source : Hay - Bulletin d'information du Comité des Arméniens de Belgique - Avril 2010