La course aux votes allochtones, à Bruxelles, est minutieusement retracée dans un livre. Où le cas Ozdemir est passé au crible.

C’est une mare au clientélisme, un étang de pratiques douteuses, dont le reporter indépendant Mehmet Koksal a fait le tour durant la campagne pour les dernières élections régionales bruxelloises (1).

 

Chroniquant, jour après jour, pied à pied, les faits majeurs et petites anecdotes de la campagne menée par des candidats allochtones, Koksal livre un brûlot de quasi 200 pages où sont, notamment, consignés les travers des partis dans leur chasse aux suffrages des populations d’origine immigrée. On y retrouve des copies de tracts, des courriers, ou encore des SMS (lire ci-contre), que ces candidats au phrasé parfois (très) direct ont expédiés aux électeurs bruxellois.

 

Dès le mois d’avril, Mehmet Koksal épingle dans ses chroniques le "cas" Mahinur Ozdemir - avec une première interview de cette candidate CDH d’origine turque qui a prêté serment voilée. Le récit des recadrages des photos de campagne de la candidate par le CDH afin d’effacer le voile d’Ozdemir est livré. Un récit qui fera bondir l’Etat-major orange : celui-ci expédiera un communiqué démentant des informations pourtant exactes. Koksal retrouve aussi la trace d’un entretien donné par la même Mahinur Ozdemir au quotidien turc "Zaman", dans lequel celle-ci explique : "Ceux qui donnent des leçons de démocratie à la Turquie me font subir aujourd’hui les mêmes injustices au sein du parti." Elle y évoque aussi "des interdictions de parler à la presse de l’intérieur du parti" . Aujourd’hui, Mahinur Ozdemir dément avoir tenu de tels propos à "Zaman".

 

Tenez : il y a cet appel des responsables d’une importante mosquée turque bruxelloise à voter pour le secrétaire d’Etat PS Emir Kir. "Pour échapper aux sanctions si vous ne votez pas, prenez contact avec le cabinet d’Emir Kir, il vous indiquera comment avoir des procurations", a lancé le président de la mosquée Hicret à ses fidèles peu avant l’élection. Le flou entretenu par les élus d’origine turque quant à la reconnaissance du génocide arménien est également pointé. Ainsi aucun élu PS n’a-t-il jugé utile de se déplacer pour la récente commémoration du génocide arménien.

 

Il y a ce franc-parler dont font preuve certains élus allochtones et que Koksal relate, sans tourner autour du pot. C’est un candidat PS Mohamed Errazi qui s’emballe : "Tu as vu ce qu’ils ont fait comme liste, ces salopards ? On va encore travailler pour les blancs de la liste !" C’est Halis Kökten, un candidat sur la liste du CDH, qui éructe lors de la confection de la liste bruxelloise humaniste : " On me propose la 12e place, alors qu’il y a trois Marocains et un Noir dans les dix premiers." Il menace de démissionner, car Joëlle Milquet lui avait promis "la 10 e place" , puis se fait alpaguer par des candidats d’origine marocaine du CDH pour les avoir traiter de "cafards" .

Rayon Mouvement réformateur, la propension de certains élus à faire une propagande massive dans la presse d’obédience juive est largement abordée. L’Ixellois Yves de Jonghe est épinglé pour un courrier envoyé aux autres membres du groupe MR où il commet un amalgame entre les terroristes jihadistes et musulmans - un courriel pour lequel il a formellement présenté des excuses. Et le Woluwéen Willem Draps est cloué au pilori pour avoir produit une fausse lettre sur le solde migratoire durant la campagne électorale.

 

Un coup de projecteur sur cette ruée vers le vote communautaire. Eclairant.

(1) "Bruxelles 2009, l’autre campagne"; 184 pp.; Ed. Lulu. -www.lulu.com

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