Courrier International Paris – 19/07
Une prise d’otage se poursuit depuis dimanche 17 juillet à Erevan, en Arménie.
Ce matin-là, à l’aube, un groupe d’hommes armés, surnommé Sasna Tsrer (“Les enragés de Sassoun”), lié au leader d’opposition Jiraïr Sefilian, s’est emparé d’un bâtiment de police dans le quartier d’Erebouni, tuant un officier et retenant en otage les autres, parmi lesquels plusieurs hauts gradés des forces de police, relate le site arménien Novoïé Vremia.
Quatre otages sont toujours retenus par les assaillants. “Le groupe a réclamé en échange [des otages] la libération de Jiraïr Sefilian, chef de file d’un mouvement opposition, arrêté le mois dernier pour détention illégale d’armes. (…)
De plus, il a exigé la démission du président de l’Arménie Serge Sargsian”, précise le site.
Les attaquants ont également publié une vidéo sur Facebook, appelant les Arméniens à descendre dans la rue pour manifester contre le gouvernement. Les médias officiels affirment que cet événement ne mobilisera pas les Arméniens.
Dans une interview au site d’information moscovite Vestnik Kavkaza, le politologue Arman Gevorkian explique : " Les auteurs de ces revendications comptaient sur le soutien de la société. Or, la société n’est pas du tout prête à soutenir ce genre d’actions […]. Malgré un mécontentement grandissant de la population à l’égard du pouvoir, elle n’est pas disposée à recourir à des méthodes non constitutionnelles et préfère résoudre les problèmes politiquement, via les élections.”
Néanmoins, près de 1 500 manifestants se sont rassemblés dans le centre de la capitale arménienne, le 18 juillet, pour protester contre le gouvernement et exiger une résolution pacifique de la crise, lit-on sur le site d’informations Armenia News.
Le Service national de sécurité arménien a qualifié la prise d’otages de “terroriste”, précisant que les négociations avec les assaillants se poursuivaient. Un parlementaire, Nikol Pachinian, a pu pénétrer sur le territoire de la caserne à deux reprises, afin de s’entretenir avec les membres du groupe armé et leurs otages, écrit encore Novoïé Vremia.
Arménien né au Liban, Jiraïr Sefilian est un vétéran de la guerre du Haut-Karabakh, une région qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan voisin. Critique féroce de la politique menée par le président arménien, Jiraïr Sefilian lui reproche notamment sa gestion du conflit entre séparatistes arméniens et forces azerbaïdjanaises dans cette région où des combats avaient à nouveau éclaté en avril dernier.
Ekaterina Dvinina