RFI - 19/01
En Turquie, des commémorations ont marqué le dixième anniversaire, ce jeudi 19 janvier 2017, de l'assassinat du journaliste d'origine arménienne Hrant Dink, fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Agos. A Istanbul, plus d'un millier de personnes s'étaient réunies sur le lieu et à l'heure du crime. Dix ans après sa mort, justice n'a toujours pas été rendue.


Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

« Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Arméniens ! ». Bravant le froid et un impressionnant dispositif policier - menace terroriste oblige -, Ceren Kir, une jeune journaliste, défile pancarte à la main au milieu de cette foule moins nombreuse qu'à l'accoutumée, mais toujours aussi déterminée. « Hrant Dink a joué un rôle-clé dans ma décision de devenir journaliste. Tous les ans, depuis dix ans, je participe aux commémorations. Et depuis dix ans, nous réclamons que justice soit rendue », dit-elle.

Pendant des années, les tribunaux se sont contentés de juger les exécutants. Il a fallu attendre 2015 pour que des gendarmes, des policiers et des agents du renseignement soient enfin poursuivis, et pour que la justice admette ce que les proches du journaliste affirmaient depuis le début : certains hauts responsables dans l'appareil d'État ont permis cet assassinat par leurs actes, leur complicité ou leur négligence.

Levent Sensever, un ami de Hrant Dink, se dit plus optimiste que lors des précédentes commémorations. « Si le procès avance enfin, c'est en grande partie grâce à notre mobilisation, qui n'a jamais faibli. Notre lutte pour la justice continue, pour Hrant lui-même, et pour le symbole qu'il était, notamment dans la lutte du peuple arménien pour la reconnaissance du génocide », assure-t-il.

Cette semaine, le tribunal a entendu un acteur-clé, l'ancien chef du renseignement de la police d'Istanbul. Une nouvelle audience doit se tenir ce vendredi 20 janvier 2017.