Il est indiscutable que le génocide arménien a servi d’exemple au régime nazi.
La Libre.be - 12/04 - Un édito de Dorian de Meeûs
Rafles, déportations par convois ferroviaires, camps de concentration, marches de la mort, famines, massacres de masse… Le tout, sans faire trop de bruit à l’étranger. Telle était la recette du premier grand génocide du XXème siècle. Celui perpétré entre le 24 avril 1915 et juillet 1916 par les Jeunes Turcs sur les Arméniens de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne lors de la Première guerre mondiale. Plus de deux tiers de ceux-ci ont été tués: 1,5 million de morts.
Ce génocide a fait l’objet d’une reconnaissance par les Parlements belge et européen. Il reste pourtant trop peu connu et reconnu par la communauté internationale. Bien que politiquement sensible, vu la pression diplomatique exercée par Ankara, la question de sa reconnaissance est fondamentale.
Plusieurs historiens rapportent qu’Adolf Hitler aurait déclaré “Qui se souvient encore de l’extermination des Arméniens ?” avant la l’élaboration de sa Solution finale à la question juive. Il est indiscutable que le génocide arménien a servi d’exemple au régime nazi. Il a démontré les techniques de déportation et les aspects logistiques qui répondaient le mieux à ses affreux desseins. Seul le devoir de mémoire aurait pu permettre d’éviter la Shoah.
Dans un tel contexte, comment justifier que la Chambre des Représentants belge puisse prévoir de voter, le 24 avril prochain (jour de commémoration du génocide arménien et de la première rafle d’intellectuels arméniens à Constantinople) une loi fourre-tout qui exclut ce génocide de l’arsenal législatif contre le négationnisme ? Cette contradiction du Parlement avec ses propres positions révèle la pire influence que peut avoir le communautarisme sur les élus et partis qui courtisent l’électorat turc de Belgique. Malheureusement, la campagne électorale n’aide pas. En admettant simplement que les Turcs actuels ne portent aucune responsabilité dans le massacre perpétré il y a 104 ans, l’on pourrait éviter de piétiner la mémoire des victimes et sensibiliser les jeunes aux tragédies incontestables de notre Histoire.
Dorian de Meeûs