La Vie - 11/10 - Propos recueillis par Laurence Desjoyaux
À Qamishli, la grande ville du nord-est syrien contrôlée par les Kurdes et située sur la frontière turque, la population retient son souffle. Mgr Antranig Ayvazian, évêque arménien-catholique du diocèse de Qamishli, espère encore que la pression internationale pourra arrêter le conflit.
Quelle est la situation actuelle à Qamishli ?
Notre situation n’est pas claire. Qamishli est situé sur la frontière avec la Turquie et mercredi, quelques obus sont tombés sur la ville. Ils ont notamment touché la maison d’une famille chrétienne, faisant quatre victimes, une femme et trois enfants. En fin d’après-midi, on nous annonçait un cessez-le-feu, si bien que jeudi les marchés et les bureaux ont rouverts. Mais à partir de 15 heures, il y a eu des tirs d’artillerie sporadiques venus de Turquie en réponse à l’envoi de quelques obus par les Kurdes. Je pense que les Kurdes on essayé de faire diversion car ils étaient attaqués fortement vers Tall Abyad et Ras-al-Aïn, deux autres poins de la frontière à l’ouest de Qamishli. À Hassaké, une autre ville de notre diocèse située plus au sud, nous avons vu arriver ces derniers jours environ 500 réfugiés de ces zones et j’ai donné la consigne de leur ouvrir nos églises et nos écoles.
Quelle est la réaction des habitants de Qamishli ?
Quelques familles ont quitté la ville par crainte de cette situation instable dont nous ne connaissons pas l’issue. Les quelques milliers d’arméniens que compte Qamishli sont pour l’instant restés. Vous savez, nombre d’entre nous ont la double nationalité arménienne et syrienne et un émissaire de l’Arménie est venu pour nous dire que le pays nous accueillerait si nous devions quitter la Syrie. Mais nous sommes très attachés à cette terre syrienne qui a accueilli nos parents fuyant le génocide de 1915.
Comment, d’après vous, ce conflit peut-il évoluer ?
Attendons 48 heures. J’espère que la pression internationale sur la Turquie va faire retomber la tension. Sinon, il est clair que les Kurdes, seuls, n’ont pas les moyens de résister à l’armée turque et à leurs alliés de l’armée syrienne libre. Et il est à craindre que s’installe un cycle de vengeance.