Le Monde - 12/12
La résolution adoptée par les deux chambres du Parlement américain « met en péril l’avenir des relations » entre la Turquie et les Etats-Unis, a mis en garde Ankara.
Après la Chambre des représentants, le Sénat américain a adopté à l’unanimité jeudi 12 décembre une résolution reconnaissant le génocide arménien.
Appelant à « commémorer le génocide arménien » et à « rejeter les tentatives (…) d’associer le gouvernement américain à la négation du génocide arménien », ce texte non contraignant avait été auparavant bloqué à plusieurs reprises au Sénat par des alliés républicains du président Donald Trump.
Jeudi, personne ne s’est opposé à l’adoption de la résolution, proposée par le démocrate Bob Menendez. « Je suis heureux que cette résolution ait été adoptée à une époque où il y a encore des survivants du génocide qui pourront voir que le Sénat reconnaît ce qu’ils ont enduré », a déclaré le sénateur dans l’hémicycle, saisi par l’émotion.
Le génocide arménien est reconnu par une trentaine de pays et la communauté des historiens. Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la première guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. Mais la Turquie refuse l’utilisation du terme « génocide », évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.
Une « insulte » pour Ankara«
Le comportement de certains membres du Congrès américain nuit aux relations turco-américaines, a d’ailleurs mis en garde Ankara jeudi soir. La résolution américaine qui est passée aujourd’hui au Sénat met en péril l’avenir de nos relations bilatérales. »
Au contraire, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a salué une « victoire de la justice et de la vérité ». « Au nom du peuple arménien, j’exprime notre gratitude au Congrès américain », a-t-il écrit sur Twitter, qualifiant le vote comme « un pas courageux vers la prévention des génocides à l’avenir ».
Le 30 octobre, l’adoption, par 405 voix sur 435, de cette résolution à la Chambre des représentants avait déjà provoqué l’ire d’Ankara, qui avait dénoncé une « insulte » et une mesure n’ayant « aucune valeur ». Un allié de Donald Trump au Sénat avait ensuite bloqué la première tentative de voter la résolution à la chambre haute, une heure environ à peine après avoir rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à la Maison Blanche, le 14 novembre.