(La Libre.be) BELGA mercredi 22 avril 2015

Les Arméniens de Belgique commémoreront le vendredi 24 avril le centenaire des massacres qui ont coûté la vie à 1,5 million de leurs ancêtres en 1915. Lors d'une manifestation à Bruxelles, les membres de la communauté demanderont aux autorités belges de pénaliser la négation de ce "génocide", terme qui reste polémique notamment parce que la Turquie nie la campagne d'élimination perpétrée par l'Empire Ottoman lors de la Première Guerre mondiale.

La position de la Belgique reste ambiguë sur le sujet.  Chez nous, la communauté arménienne représente 20.000 à 30.000 personnes, selon Christian Vrouyr, le président du Comité des Arméniens de Belgique.

 

Ses membres commémoreront les victimes du génocide de 1915 vendredi matin lors d'une messe suivie d'un requiem en l'Eglise Apostolique Arménienne Sainte Marie-Madeleine à Bruxelles. Ensuite, vers midi, il y aura une marche silencieuse vers le Monument commémoratif du génocide des Arméniens au square Michaux, où se déroulera la cérémonie officielle de recueillement. Christian Vrouyr s'y exprimera en présence de mandataires publics comme les bourgmestres d'Ixelles, de Molenbeek-Saint-Jean ou l'ambassadeur d'Arménie en Belgique.
L'après-midi, un cortège de manifestants partira de la gare centrale à Bruxelles pour rallier le Parlement européen, en passant devant l'Ambassade de Turquie. "Nous allons demander la reconnaissance et la réparation du génocide arménien", explique Peter Petrossian, membre du comité organisateur et président du Comité de défense de la cause des Arméniens de Belgique. "En tant que Belges arméniens, nous avons le droit de demander que la Belgique fasse pression sur le gouvernement turc pour reconnaître le génocide", explique-t-il. "Nous allons aussi demander la pénalisation en Belgique du négationnisme de ce génocide ", comme c'est déjà le cas dans la législation française par exemple. "La majorité des Arméniens seraient rassurés par une loi", précise M. Vrouyr. Des associations assyriennes, yézidies, syriaques mais aussi kurdes et turques devraient participer à ce meeting politique et s'associer au slogan de la manifestation "100 ans de déni, ça suffit!".
Si une vingtaine de pays reconnaissent le génocide arménien, dont la France, l'Italie ou la Russie, la position de la Belgique reste toutefois plus ambiguë. Le sénat belge a bien reconnu, dès 1998, le massacre arménien en tant que "génocide" dans une résolution invitant le gouvernement turc à emboîter le pas. Cependant, la position du gouvernement belge n'est pas liée par une résolution parlementaire. "Le terme 'génocide' a une signification juridique spécifique et il appartient à des tribunaux (nationaux ou internationaux) de se prononcer en la matière", explique Hendrik Van de Velde, le porte-parole de la diplomatie belge. "Il ne nous paraît pas opportun que d'autres instances se substituent au pouvoir judiciaire", conclut-il. Á ce jour, la Belgique se contente donc d'encourager l'Arménie et la Turquie à poursuivre leurs efforts pour la normalisation de leurs relations bilatérales.
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, pourrait s'exprimer à ce sujet le lundi 27 avril lors de son déplacement en Arménie dans le cadre de la présidence belge du Comité des ministres du Conseil de l'Europe.
La Belgique sera en outre représentée par l'ambassadeur belge à Moscou aux commémorations du génocide à Erevan, le vendredi 24 avril. Les présidents russe, Vladimir Poutine, et français, François Hollande, devraient aussi participer à la cérémonie au Mémorial dédié aux victimes du génocide arménien.