Le Soir – 30 avril 2015 - Par Véronique Lamquin
La Chambre a observé une minute de silence en mémoire du génocide arménien. Plusieurs élus d’origine turque brillaient par leur absence.
Sur les bancs socialistes, une absence très remarquée lors de la minute de silence en mémoire du génocide arménien : celle d’Emir Kir.
Pour rappel, la semaine dernière déjà, au Parlement bruxellois, des élus socialistes d’origine turque s’étaient distingués en refusant de participer à une minute de silence pour le génocide arménien.
Le président du Parlement bruxellois, Charles Picqué, avait alors opté pour un compromis surréaliste : une minute de silence, que chacun pouvait dédier, au choix, au génocide arménien, ou aux migrants ayant péri dans la Méditerranée.
À la Chambre, pas de minute de silence « à la carte », ce qui explique assurément pourquoi Emir Kir, dont les bureaux de bourgmestre sont distants d’un kilomètre à peine, brillait par son absence. Ni à la commune ni au groupe PS de la Chambre, on ne pouvait dire où se trouvait Emir Kir, à l’heure de la minute de silence.
Pour rappel, le député d’origine turque conteste l’utilisation du terme « génocide ». Dans une interview accordée il y a une semaine, il déclarait : « Je reconnais les faits de 1915 et leur gravité, je trouve normal que la Turquie présente ses condoléances. Je ne suis pas négationniste mais le mot que vous utilisez doit être cautionné par des historiens et des juristes. Si vous voulez y voir une divergence de vue avec mon parti, libre à vous. Pour moi, il ne s’agit que d’une question sémantique. »
Pour le PS, le génocide est « un fait incontestable »
Présent à la Chambre, Elio Di Rupo a précisé à l’agence Belga qu’Emir Kir sera convoqué par le secrétaire général du parti qui lui demandera des explications sur son absence. Le président des socialistes francophones a encore tenu à rappeler la position « sans ambiguïté » de son parti sur la question. Le PS est à l’origine d’une résolution parlementaire en 1998 qui reconnaît le génocide arménien et demande au gouvernement turc de le reconnaître, a-t-il rappelé. La semaine dernière, suite à la polémique au Parlement bruxellois, Laurette Onkelinx, présidente de la Fédération bruxelloise du PS, avait elle aussi annoncé vouloir convoquer les députés régionaux d’origine turque pour mettre les points sur les i et leur rappeler la position du PS.
La présidente de Groen était aussi absente
Au passage, Elio Di Rupo n’a pas manqué de relever, légitimement que, « dans plusieurs partis il y a eu des absents ». De fait si, dans les rangs du PS, deux autres députées d’origine turque, Ozem Oslem et Nawal Ben Hamou, étaient bel et bien présentes, ainsi que, pour la N-VA, Zuhal Demir, d’autres élus, et non des moindres, étaient absents. A commencer par Meyrem Almaci, présidente de Groen. « Elle devait être présente, c’était d’ailleurs elle qui devait interpeller Kris Peeters lors des questions d’actualité mais elle a eu un autre rendez-vous et a dû demander à Kristof Calvo de la remplacer », nous indique la porte-parole du groupe Ecolo-Groen. Quant aux élus Fatma Pehlivan (SP.A) et Veli Yüksel (CD&V), ils avaient, eux aussi, mieux à faire que commémorer le génocide arménien.