RTBF Matin Première - Les Coulisses du pouvoir La chronique de Bertrand Henne – 1 juin 2015

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Que nous révèle l’éviction de Mahinur Özdemir du cdH ?

D’abord, ça parait une évidence mais il faut quand même le constater, c’est que le génocide arménien, à l’occasion de son centenaire, est devenu un puissant révélateur de la force du nationalisme turc et de l’influence que les positions officielles de la Turquie ont toujours sur une grande majorité de la communauté turque.

En soi, il est assez classique que les Etats d’origine gardent des liens avec leur diaspora, mais on mesure ici combien l’influence d’Ankara sur ses ressortissants est forte, surtout s’ils sont élus et ont des responsabilités.

Lutgen contre Milquet

Bruxelles où une part importante de la communauté turque est installée et est un enjeu électoral majeur. Le PS et le cdH sont les partis qui ont le plus fait d’effort pour séduire cet électorat. Aujourd’hui le cdH vient de réaliser un 180° spectaculaire. C’est un tournant. Benoit Lutgen, va à contresens de Joëlle Milquet, (qui était d’ailleurs notre invitée ce matin mais qui a préféré annuler l’interview).

Le nouveau président du cdH a toujours estimé que la stratégie Milquet lui coûtait cher en Wallonie. Il a donc tranché. Mais il faut dire aussi, qu’au-delà de tout calcul en interne du cdH ex-parti social-chrétien, la négation, la relativisation du génocide des Arméniens, des chrétiens donc, passe particulièrement mal. Ce n’est pas un hasard non plus si cette exclusion spectaculaire à lieu dans ce parti. cdH-PS de faux amis

Mis côte à côte, le traitement des cas Emir Kir et Mahinur Ozdemir est évidemment éloquent. Le PS a été jésuitique, alors que le cdH a tranché net. Pour la boutade on notera que d'habitude c'est l'inverse. Le calcul de Benoit Lutgen c’est que son geste force les autres partis, le PS surtout, à faire la même chose avec les élus "relativistes". Dans ce cas ce qu'il perd électoralement, les autres le perdent aussi, c'est l'effet terre brûlée. Dans le cas contraire, le PS se condamne à des positions torsiveuses, forcément plus complexes que la sienne. Là Benoit Lutgen espère capitaliser sur sa "ligne claire". C'est l'effet tête brulée.