LaLibre.be /Belga - 04 juin 2015

La députée bruxelloise Mahinur Özdemir a annoncé jeudi soir dans une vidéo envoyée depuis la Turquie un recours au Bureau politique du cdH contre son exclusion du parti mais sa réintégration n'est pas envisageable, selon le président Benoît Lutgen qui était invité de l'émission "Jeudi en Prime" sur la RTBF.

 La députée belgo-turque, exclue pour n'avoir pas voulu reconnaître publiquement le génocide arménien, conteste la régularité de son exclusion tant sur la forme que sur le fond. Il existe une possibilité de recours, il y a une procédure mais le cdH ne reviendra pas sur sa décision, a indiqué jeudi soir M. Lutgen.

"On ne joue pas avec le génocide arménien", a précisé le président du cdH, constatant que Mme Özdemir n'avait prononcé dans ses nombreuses interventions publiques ces derniers jours ni le mot 'génocide' ni le mot 'arménien'. Il observe également que Mme Özdermir se répand en critiques sur le cdH depuis une semaine. Un génocide, "ce n'est pas rien", c'est la volonté d'éliminer tout un peuple, personne après personne, enfant par enfant, a rappelé Benoît Lutgen selon qui son parti a toujours été clair à cet égard, les mandataires ayant signé une charte de déontologie avec une ligne sans équivoque.

M. Lutgen a regretté la timidité des autres formations politiques qui, à l'exception des FDF, n'ont pas rejoint la résolution du cdH reconnaissant le génocide. D'autres résolutions ont été déposées par différents partis et celle votée au Sénat en 1998 était également portée par le cdH, a dit M. Lutgen.

Mahinur Özdemir reproche au cdH une attitude ambiguë dans sa communication alors qu'il lui a été demandé de se taire en pleine tempête politico-médiatique à l'occasion des commémorations. Ensuite, elle a été exclue pour n'avoir pas reconnu le génocide. "Le comité de déontologie lui a demandé de prononcer cinq mots publiquement, elle a répondu qu'elle ne voulait pas reconnaître le génocide", a réagi Benoît Lutgen.
Ce dernier ne se réjouit pas de la perspective éventuelle de voir émerger des partis communautaires après cet incident mais le cdH ne peut pas pour autant renoncer à ses valeurs de tolérance et de lutte contre le racisme, a-t-il dit.
Benoît Lutgen regrette également "l'ambigüité" du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders qui n'a pas non plus reconnu publiquement le génocide arménien. Par ailleurs, la résolution de la majorité rédigée à cette fin n'apporte rien, a-t-il dit. "Tout le monde doit prendre ses responsabilités", a lancé Benoît Lutgen.

Mahinur Özdemir a confirmé dans la vidéo envoyée à la RTBF son intention de "continuer à travailler pour l'ensemble des Bruxellois".