Par RFI -  28 juin 2015

Depuis plus d’une semaine, des manifestants bloquent un carrefour en plein cœur d’Erevan, la capitale de l'Arménie.

Les contestataires exigent que le gouvernement annule sa décision d'augmenter les tarifs pour l'électricité, pour la troisième fois en moins de deux ans.

Le président arménien a proposé un compromis, tandis que la police a lancé un ultimatum aux manifestants : ils ont jusqu’à ce dimanche soir pour lever le camp.

Quelques centaines la nuit, des milliers le soir. Dans une ambiance de fête foraine, les contestataires de ce que les médias arméniens surnomment « Erevan électrique » continuent de manifester à quelques pas du palais présidentiel arménien, a constaté la correspondante de RFI à Erevan, Veronika Dorman.

La mobilisation ne semble pas s’essouffler, sept jours après le début de ce mouvement que Moscou dit suivre de près, craignant une nouvelle révolution de couleur à l’image du Maïdan ukrainien.

Un mouvement « citoyen », selon les contestataires

L’unique slogan du mouvement est simple : « Non au pillage ». En cause, la hausse de 16 % du prix de l’électricité à partir du 1er août prochain, annoncée par le gouvernement. Selon les protestataires, le gouvernement a décidé de taxer la population afin de combler un déficit provoqué par la corruption.

« Inacceptable », pour Amik Maelian, un designer de 37 ans venu manifester. « Je suis ici à cause de l’injustice et du culot avec lequel cette injustice nous est infligée, vitupère-t-il. Bien sûr que ça fait mal à tous les portefeuilles, mais ce n’est pas non plus la ruine. Mais quand tu vois le nombre de gens qui vivent sous le seuil de pauvreté, officiellement 30%, ça fait de la peine. » Décidés à tenir tête au pouvoir jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause, les manifestants insistent sur le caractère exclusivement social de leur revendication.

« Je suis très loin de la politique et je ne crois pas à toutes ces manigances. Je n’ai pas envie de participer à ce type de meetings », explique Ashot Sarkissian, agent de casting venu manifester lui aussi. « Ici, il n’y a que des citoyens arméniens, même pas un leader qui donnerait l’ordre d’avancer. Les gens se sont simplement réunis pour manifester leur mécontentement. »

Proposition présidentielle et ultimatum policier

Au dixième jour du mouvement, la contestation reste pacifique et bon enfant, même si les moments de tension avec la police adviennent de plus en plus souvent. Sous la pression de la rue, samedi, après que plus de 10 000 manifestants se soient rassemblés près du palais présidentiel, le président arménien Serge Sarkissian a proposé un premier compromis. Il a promis que l’Etat allait « porter le poids » de la hausse du prix de l’électricité. Cette hausse, réclamée par la société Réseaux d’électricité d’Arménie (ENA), serait rendue nécessaire par la forte dévaluation du dram, la monnaie arménienne.

Le président arménien a également précisé dans son intervention à destination des manifestants qu’un audit serait lancé prochainement pour juger de la légitimité de cette hausse et que « si l'audit confirme que la hausse du tarif est justifiée, les consommateurs commenceront à payer en accord avec le nouveau tarif ».

La proposition a été rejetée par les milliers de contestataires rassemblés à quelques pas du palais présidentiel. Leurs exigences restent inchangées : ils ne quitteront pas la rue tant que la hausse des prix ne sera pas annulée dans son ensemble. Les coordinateurs du mouvement ont lancé un nouvel appel à manifester, ce dimanche en fin d'après-midi, pour « formuler une réponse collective » au pouvoir et un plan d'action. La police a, de son côté, lancé un ultimatum : si la foule ne s'est pas dispersé d'elle-même en fin de soirée, les forces de l'ordre devront intervenir.