lesoir.be/ Belga - 8 mars 2016

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a défendu mardi le nouvel élan donné la veille par les chefs d’État et de gouvernement européens au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, en dépit du refus réaffirmé par des eurodéputés de la N-VA, partenaire au sein de la coalition fédérale, d’une admission d’Ankara au sein de l’UE.

«  Le point de vue du gouvernement fédéral, dont la N-VA fait partie, est que la Belgique est favorable à l’ouverture de négociations sur de nouveaux chapitres d’adhésion  », a affirmé M. Reynders dans l’avion qui l’emmenait à Ankara. L’UE et la Turquie ont trouvé un accord de principe lundi à l’occasion d’un sommet extraordinaire à Bruxelles, pour intensifier leur coopération afin de tarir pour de bon l’afflux de migrants sur les côtes grecques.

Ils se sont donnés dix jours, jusqu’à un autre sommet européen, les 17 et 18 mars, pour affiner les détails des propositions inattendues avancées lundi par Ankara, qui accepterait la réadmission sur son territoire de tous les migrants économiques arrivés clandestinement en Grèce à condition que les Européens s’engagent, pour chacun d’entre eux, à transférer un réfugié depuis la Turquie vers le territoire de l’UE.

En contrepartie, Ankara exige trois milliards d’euros d’aide supplémentaire d’ici à 2018, un régime sans visa pour ses ressortissants voulant voyager dans l’UE et l’ouverture rapide de négociations sur cinq nouveaux chapitres d’adhésion.

A Strasbourg, où le Parlement européen est réuni en session plénière cette semaine, les eurodéputés N-VA Mark Demesmaeker et Sander Loones ont affirmé mardi que la Turquie ne rejoindrait «  jamais  » l’UE tant que leur parti serait au gouvernement. «  Un pays qui montre les caractéristiques d’une autocratie n’obtient pas de perspectives d’adhésion  », a souligné M. Demesmaeker.

« Cela serait la fin de l’UE », juge Francken

M. Reynders ne s’est pas montré impressionné. «  Je lis et j’entends de nombreux parlementaires sur toutes sortes de choses. Mais je suis ici avec un point de vue clair du gouvernement. Et celui-ci est limpide : nous sommes prêts à l’ouverture de nouveaux chapitres  », a-t-il dit. Selon lui, c’est la seule manière d’entamer un vrai dialogue avec la Turquie, sur des sujets comme la liberté de la presse et la justice. «  Je le dis depuis des mois dans toutes les réunions. Il est regrettable qu’aucun nouveau chapitre n’ait été ouvert durant toutes ces années  », a souligné le chef de la diplomatie belge.

Quant au secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), qui fait aussi partie de la délégation belge se rendant pour trois jours à Ankara, il a affirmé ne voir aucune contradiction dans l’attitude de son parti au sein et en dehors du gouvernement fédéral. «  Je ne pense pas qu’une appartenance de la Turquie (à l’Union) soit une bonne idée. Cela serait plutôt la fin de l’UE  », a déclaré M. Francken. «  Mais le Premier (ministre Charles) Michel n’a pas dit que la Turquie devait devenir membre, je pense. Il a aussi dit que l’adhésion était encore éloignée. Il a seulement été dit qu’il était possible d’ouvrir de nouveaux chapitres dans le cadre des négociations en cours  », a ajouté le secrétaire d’État.