France Culture – Emission Chrétiens d’Orient – Sébastien de Courtois – 24/4/2016
Intervenant : Anahide Ter Minassian
Ecouter sur : http://www.franceculture.fr/emissions/chretiens-d-orient/l-errance-des-enfants-armeniens-apres-1915
Nous sommes le 24 avril, jour anniversaire du génocide arménien... Anahide Ter Minassian nous parle aujourd'hui non pas de l'événement mais de ses conséquences... Elle nous parle des enfants du génocide...
Les enfants du génocide, entre survivance et errance… Des enfants qui ne furent pas toujours tués sur place, mais souvent déportés, et qui mouraient lors d’effroyables marches forcées… Certains d’entre eux ont survécu, à leurs familles, à des conditions de vie extravagantes, parce qu’ils ont été aidés par des Kurdes, des Bédouins dans le désert de Syrie…
Tout de suite après la guerre, il y a eu une volonté de retrouver ces enfants ; on les a rachetés : une pièce d’or pour une fille, deux pour un garçon, raconte ici Anahide Ter Minassian… Il fallait récupérer ces enfants – qui avaient été mis parfois dans des orphelinats turcs, et circoncis ! – pour reconstruire une société arménienne…
L’historien anglais Arnold Toynbee évoquait cette question dans son ouvrage pionnier « Les massacres des Arméniens » (Payot / Rivage)… Où l’on peut lire un témoignage comme celui-ci : « Un Arménien me dit qu’il avait abandonné deux enfants sur le chemin, parce qu’ils ne pouvaient marcher, et qu’il ne savait pas s’ils étaient morts de froid et de faim, ou si une âme charitable avait pris soin d’eux, ou s’ils étaient devenus la proie des bêtes féroces. Beaucoup d’enfants, semble-t-il, furent ainsi abandonnés. L’un d’eux aurait été jeté dans un puits. »
Anahide Ter Minassian a de son côté publié (avec Houri Varjabédian) l’ouvrage « Nos terres d’enfance. L’Arménie des souvenirs », aux éditions Parenthèses… « Le parcours des « terres d’enfance » proposé dans ce livre, de la banlieue new-yorkaise à Téhéran, de Bagdad à Bakou, de Erevan à Istanbul, de Beyrouth à Trébizonde, de Paris à Mouch, gomme volontairement l’espace et le temps.
Tous les acteurs de ces voyages involontaires, sous une forme ou une autre, ont écrit sur les paysages ruraux ou urbains de leur enfance, retrouvant dans des quotidiens contrastés la marque de leur appartenance multiple : une identité revisitée dont chaque signe est vécu dans le regard de l’autre.
Textes de : Arthur Adamov, Avétis Aharonian, Alexandrian, Michael Arlen, Peter Balakian, Kaspar Bedeyan, Krikor Beledian, Nina Berberova, Berdjouhi, Zaven Bibérian, Helena Bonner, Carzou, Chahan Chahnour, Armen Chékoyan, Eleonore Dabaghian, Zabel Essayan, Anchèn Garodouni, Nubar Gulbenkian, Ara Güler, Arménak Hagopian, Hamasdegh, Simon Kapamadjian, Arménouhie Kévonian, Viken Klag, Violette Krikorian, Lass, Mathéos Mamourian, Meguerditch Margossian, Hrant Matevossian, Martin Melkonian, Hagop Mentsouri, Anastase Mikoyan, Chavarche Nartouni, Armen Ohanian, Sergueï Paradjanov, Nicolas Sarafian, Martiros Sarian, William Saroyan, Séda, Léon Surmélian… »
Bibliographie: "Nos terres d'enfance. L'Arménie des souvenirs". Parenthèses éditions, 2014 - Anahide Ter Minassian