FRANCE 24 - 17/04 

Des milliers de manifestants sont descendus, mardi, dans les rues d'Erevan, capitale de l'Arménie, pour protester contre l'élection de l'ancien président du pays Serge Sarkissian au poste de Premier ministre.

Un vote qui divise. Le Parlement en Arménie a élu, mardi 17 avril, l'ancien président Serge Sarkissian Premier ministre, avec 77 votes pour, et 17 contre. Un résultat aussitôt suivi de nouvelles manifestations, à l'appel du leader de l'opposition et député Nikol Pachinian, à travers le centre de la capitale arménienne Erevan.

Les manifestants, qui considèrent que Serge Sarkisssian cherche à rester au pouvoir "éternellement", ont bloqué l'accès au ministère des Affaires étrangères, au Service des impôts et à la Banque centrale en plein centre de la capitale. Selon la police, 14 personnes ont été brièvement interpellées.

"Sarkissian veut rester au pouvoir éternellement" "

Je proclame aujourd'hui le début d'une révolution pacifique de velours en Arménie", a lancé Nikol Pachinian, en appelant les manifestants réunis sur la place de la France à Erevan à "paralyser le fonctionnement de toutes les agences gouvernementales". La veille, des milliers de manifestants avaient défilé dans la capitale, et bloqué les principales rues en s'allongeant sur la chaussée. La manifestation avait été suivie par des affrontements avec la police, et 46 personnes avaient été blessées au total.

Serge Sarkissian, qui a achevé au mois de mars cette année son second et dernier mandat présidentiel, revient pratiquement au pouvoir dans le pays, où le président exerce désormais des fonctions largement protocolaires, le Premier ministre étant doté de pouvoirs renforcés depuis la réforme constitutionnelle de 2015. L'opposition affirme que cette réforme avait pour unique but de maintenir au pouvoir Serge Sarkissian, qui occupait le poste de président depuis 2008 après avoir déjà été Premier ministre en 2007-2008.

"Sarkissian veut rester au pouvoir éternellement", estime Raffi Hovannissian, leader du parti d'opposition Héritage. "Ma génération et moi, nous sommes contre Serge Sarkissian et son gouvernement", a déclaré pour sa part Irina Davtian, étudiante à l'université d'Erevan, venue manifester avec ses amis.

Une réforme constitutionnelle sur mesure pour l'ancien président ?

Le porte-parole du parti au pouvoir et vice-président du Parlement arménien, Edouard Charmazanov, a quant à lui qualifié ces protestations d'"artificielles". Et d'indiquer : "Le peuple a fait son choix lors des élections législatives en votant pour le Parti républicain. Et c'est le droit du parti qui a la majorité d'élire le Premier ministre".

La ville d'Erevan est secouée depuis cinq jours par un mouvement de protestation, et les manifestants ont promis d'organiser un rassemblement de grande ampleur mardi soir. Des manifestations ont également eu lieu à Gioumri et à Vanadzor, deux villes du nord du pays. Le nouveau président arménien, Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec son prédécesseur, a pour sa part prêté serment la semaine dernière.