En arménien, le mot Aghet signifie catastrophe. Cette catastrophe, c’est celle du massacre d’un million et demi d’Arméniens entre 1915 et 1918, dans l’empire ottoman. Mais la Turquie d’aujourd’hui refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans ce que les historiens sont presque unanimes à qualifier de génocide. Le président turc Erdogan déclare avoir encore besoin de preuves.

Et même si l'on commence, timidement, à oser aborder publiquement le sujet dans le pays, ceux qui s’opposent à la version officielle risquent gros. Après l'assassinat, début 2007, du journaliste turc arménien Hrant Dink, c'est le Prix Nobel de littérature Orhan Pahmuk qui a été traîné en justice.

Le documentariste Eric Friedler enquête depuis plusieurs années sur les motifs politiques qui poussent encore des gouvernements et des individus à nier ce génocide. Il a beaucoup voyagé pour interviewer des intellectuels turcs, l’ancien ministre arménien des Affaires étrangères Raffi Hovannisian, le député français Patrick Devedjian, le boxeur Arthur Abraham et d’autres représentants de la diaspora arménienne en Allemagne, en France, en Syrie et aux États-Unis.

Il a également épluché les archives diplomatiques allemandes et américaines. Les différentes sources consultées lui permettent de faire la chronique impitoyable du drame arménien et d’en suivre la chronologie. Pour donner corps à son film, il insère les témoignages vécus de médecins, d’enseignants, de missionnaires, de correspondants de presse et d’infirmières qui se trouvaient en Turquie à l’époque. Leur voix retentit grâce à quelques uns des meilleurs acteurs allemands actuels comme Hanns Zischler, Martina Gedeck et Burghart Klaussner.

Réalisé par Eric Friedler.