La Croix. Céline Schoen (à Bruxelles) - 08/02
Le coup d’envoi de négociations en vue d’un nouveau partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Azerbaïdjan a été donné à Bruxelles. « Partenaire oriental » de l’UE, le pays reste critiqué pour son non-respect des droits de l’homme. Dans quel but le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev s’est-il rendu à Bruxelles ?
La visite, lundi 6 février à Bruxelles, du président d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, en poste depuis 2003, a marqué le début des négociations en vue d’un nouvel accord entre son pays et l’Union européenne. Un accord de coopération régissait leurs relations bilatérales depuis 1999, dans les domaines du dialogue politique, du commerce, des investissements ainsi que de la coopération économique, législative et culturelle. Il s’agit maintenant de solidifier ces liens.
« C’est un nouvel accord qui élargit la portée de nos relations, en prenant en compte les nouveaux intérêts généraux, politiques et économiques que nous partageons et les défis que nous voulons affronter ensemble », a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk. Il a insisté sur l’importance de la coopération en matière d’énergie. S’approvisionner (en partie) en gaz auprès de l’Azerbaïdjan évite à l’UE de dépendre des Russes.
Qui sont les autres « partenaires orientaux » de l’Union européenne ?
Cinq autres pays d’Europe de l’Est – l’Arménie, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine – sont liés à l’UE dans le cadre du « Partenariat oriental » lancé en 2009. À des degrés d’intensité différents, ils entretiennent des relations de choix avec Bruxelles, sur le plan économique, commercial, énergétique ou des transports.
La Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine jouissent par exemple d’accords d’association avec l’UE. Lotte Leicht, directrice de plaidoyer auprès de l’UE au sein de Human Rights Watch, souhaite surtout que ce cadre serve d’espace de dialogue, pour voir évoluer les positions sur les sujets les plus sensibles.
« Toute négociation avec l’Azerbaïdjan devrait inclure un exposé clair de ce que l’UE attend de la part du gouvernement azerbaïdjanais en matière d’amélioration concrète des droits humains », réclame-t-elle.
Le Parlement européen se penche régulièrement sur la question, ce qui aurait valu l’annulation par Ilham Aliyev d’une rencontre prévue avec son nouveau président, Antonio Tajani.
Moscou attire-t-elle plus les pays de l’Europe de l’Est que Bruxelles ?
Au lendemain de leur rencontre avec Ilham Aliyev, qui s’est réjoui de l’ouverture « d’un nouveau chapitre (de) coopération », les dirigeants des institutions bruxelloises recevaient Igor Dodon, président moldave pro-russe élu fin 2016. Lui a récemment déclaré vouloir mettre un terme à l’accord d’association qui lie son pays à Bruxelles. Bien que cette prérogative ne lui appartienne pas, Igor Dodon utilise de tels effets d’annonce pour mettre en avant sa préférence russe. Il a d’ailleurs visité Moscou avant de se rendre à Bruxelles.
Depuis 2014, la Russie impose un embargo sur les fruits et la viande moldaves, en réaction au rapprochement opéré par Chisinau et Bruxelles. Igor Dodon a notamment estimé que l’accord d’association « n’avait apporté aucun avantage » à la Moldavie et que le volume des exportations vers l’UE avait diminué. Au contraire, d’après la Commission, les importations de l’UE en provenance de Moldavie ont augmenté de 5 % en 2015, alors que les échanges du pays avec le reste du monde ont diminué.
CÉLINE SCHOEN (à Bruxelles)