Le Monde – BLOG Pierre Jullien – 30/01
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Membre du Conseil de l’Europe depuis 2001 et de l’Union économique eurasiatique depuis 2015, l’Arménie a émis ses premiers timbres spécifiques en 1920, avant d’utiliser les timbres de Russie à partir de 1924, puis d’accéder à son indépendance politique en 1991… et philatélique l’année suivante.

« Un enthousiasme communicatif, c’est de qui ressort de notre échange avec la directrice de la philatélie de HayPost (la poste d’Arménie), explique la rédactrice en chef d’Atout timbres daté 15 janvier-15 février dans son éditorial. Pourtant, l’Arménie a connu une année 2020 difficile (…), marquée non seulement par la pandémie mais aussi par la guerre. Le peuple arménien a, une nouvelle fois dans son histoire, fait preuve d’une formidable résilience et nous avons souhaité lui marquer notre solidarité en lui rendant hommage (…). Reflets de sa culture, ses timbres attestent également des liens d’amitié qui unissent l’Arménie à la France ».

On retrouve donc Shushan Aleksanyan, directrice du département philatélique de HayPost depuis le 1er septembre 2020. Ce service qui mobilise huit personnes - la poste arménienne comptant 3 000 employés – a « terminé l’année 2020 avec des records de vente » – selon elle, malgré l’épidémie de Covid-19 et la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Son timbre préféré ? « L’émission Europa 2019 sur le thème des oiseaux. L’illustration s’inspire totalement des miniatures traditionnelles arméniennes. Elle représente une hirondelle rustique posée sur une branche, dans un environnement typique de la flore arménienne ». Un timbre distingué par le prix du « meilleur timbre Europa de 2019 », HayPost ayant remporté en 2020 une deuxième place dans le vote du public du concours des timbres Europa. La France n’est pas étrangère à ces distinctions, puisque ces deux timbres Europa ont été imprimés par Cartor, avec qui HayPost travaille depuis plus de neuf ans.

Shushan précise que le marché national arménien « pour l’instant, est plus développé que notre marché international ». L’Arménie compte 3 millions d’habitants (la diaspora arménienne dans le monde comptant près de 7 millions d’Arméniens), ce qui explique « des tirages entre 30 000 et 40 000 exemplaires par émission philatélique ».
Le mensuel présente ensuite sur cinq pages un panorama de la production philatélique arménienne : « L’Arménie a connu sa première indépendance après la domination ottomane, de 1918 à 1920. Les premiers timbres qui y ont eu cours – à partir de 1919 – étaient des émissions de Russie. C’est en 1920 qu’ont été émis des timbres spécifiquement arméniens. Ils donnent à voir notamment l’un de ses plus beaux symboles nationaux, le mont Ararat (…), bien que depuis 1923, celui-ci se trouve sur le territoire turc ».

Puis les timbres de Russie y sont en usage de 1924 à 1992. L’Arménie, indépendante en 1991 après la chute du mur de Berlin, mettra quelques mois pour émettre ses propres vignettes postales.
Les timbres locaux, dont la valeur s’affiche en dram, ne manquent pas de traiter du génocide des Arméniens, avec des portraits de victimes – les poètes Daniel Varoujan (1884-1915) et Atom Yardjanian (1878-1915) –, d’historiens et de politiques l’ayant dénoncé, etc.

Le centenaire du génocide a été l’occasion de l’émission d’un timbre à l’effigie de l’écrivain français Anatole France (1844-1924) qui, « dans un discours du 9 avril 1916, avait rendu hommage à l’Arménie et dénoncé le génocide. Pour l’anecdote, le lycée français à Erevan porte le nom d’Anatole France ».

Le journal décline les timbres arméniens à travers diverses thématiques : « Racines chrétiennes de l’Arménie » ; sites classés au patrimoine mondial de l’humanité ; « Paysages grandioses » ; « Personnalités arméniennes ». Parmi ces dernières, à noter plus spécialement les vignettes sur les champions d’échecs Kasparian (1910-1995) et Petrossian (1929-1984), le compositeur Khatchatourian (1903-1978), ou des Français d’origine arménienne comme le résistant Missak Manouchian (1906-1944), Charles Aznavour (1924-2018), l’artiste Edgar Chahine (1874-1947).


« Quand les timbres se mettent au parfum », titre Atout timbres. A l’occasion de la parution de deux timbres français « Cœur » le 25 janvier dédiés au N° 5 de Chanel, la thématique décline sur cinq pages l’histoire des parfums, en commençant par une évocation de la reine égyptienne Cléopâtre, qui « aurait été adepte des bains parfumés. Deux archéologues américains – Robert Littman et Jay Silverstein – ont même reconstitué le parfum dont ils supposent qu’elle s’enduisait, à base de myrrhe ».

Les timbres illustrent la production d’essence de niaouli (Nouvelle-Calédonie), Julia Bonet Fité (1922-2011), « femme d’affaires pionnière dans la distribution de produits de beauté et de parfumerie » (Andorre), brûle encens, encensoirs et brûle-parfum (Corée du Sud, Inde, Chine, Laos, Botswana, etc.), les substances animales, florales, etc. qui entrent dans la composition des parfums.

Enfin, difficile d’échapper aux timbres parfumés, le premier à la rose, émis par le Bhoutan en 1973, la France s’étant essayé à la gomme parfumée à l’anis, en 1964. Depuis, sont parus des timbres parfumés à l’orange (Inde), à la vanille ou à l’ananas (Polynésie française), à la fraise (France), au chocolat (Suisse, France), aux aiguilles de pin (Islande), au café (Brésil), etc.
Figurent aussi dans cette large thématique Louis XIV, le « roi le plus fleurant du monde » ou Joséphine et Napoléon qui « faisaient un grand usage de l’eau de Cologne »…

« Atout timbres », 32 pages, 2,50 euros, en vente en kiosques ou par abonnement auprès de l’éditeur Yvert et Tellier. DR/Yvert et Tellier

Pierre Jullien