L’ECHO - 09 mai 2015 - Edito. Par Joan Condijts, rédacteur en chef
Lorsque les phrases s’allongent et les nuances s’effilochent, le message se trouble. Le Parti socialiste en fut la sombre illustration mercredi dernier.
Dans un communiqué funambulesque, le secrétaire général de la formation rouge, Gilles Mahieu, a aligné des mots suintant l’électoralisme idiot pour tenter de justifier une absence remarquable, celle d’Emir Kir, lors de la minute de silence honorant les victimes du génocide arménien au Parlement (observée le jeudi 30 avril).
Le député socialiste reconnaît-il ledit génocide? "Emir Kir connaît la position de son parti, qu’il n’a d’ailleurs jamais remise en question", précise notamment le texte. Partage-t-il cette position? Malgré 427 mots, le lecteur l’ignore. L’élu bruxellois d’origine turque boudait-il les bancs parlementaires pour éviter de froisser les électeurs partageant les mêmes origines que lui? Malgré 427 mots, le lecteur continue de l’en soupçonner.
Cette semaine, le calcul socialiste n’était pas le bon.
"Je reconnais le génocide arménien perpétré par l’Empire ottoman". Dix mots dans la bouche de l’intéressé auraient pourtant suffi à éteindre une polémique inutile. D’autant que mercredi soir, devant des représentants de la communauté juive d’Anvers, Bart De Wever, le président de la N-VA, a déclaré: "La collaboration a été une erreur terrible, à tous niveaux." Dix mots aussi. Prononcés par le chef de file du parti indépendantiste dont plus d’un éminent représentant a été pris en flagrant délit de sympathie pour les "collabos".
En dix mots, la N-VA s’est lavée d’écarts répétés et nauséabonds, quitte à se priver d’une partie de son électorat extrémiste, pendant qu’en 427 mots, le PS s’est embourbé pour préserver certains électeurs turcs refusant la triste réalité. Cette semaine, le calcul socialiste n’était pas le bon.