Marie Thibaut de Maisieres a accompagné en décembre dernier une mission du Comité de soutien aux Chrétiens d'Orient dans le Nord-Est de la Syrie.
Elle a réalisé à cette occasion un reportage éloquent, avec de nombreux témoignages, sur la vie de la communauté arménienne de Kamishli réduite aujourd’hui de moitié mais qui tient bon, envers et contre tout.
A VOIR SUR SON BLOG : http://haystories.org/
Ci-dessous, un extrait de l’interview de Sossi, la responsable du Comité d’aide aux réfugiés et déplacés arméniens de Kamishli.
Sossi, c’est la responsable du Comité d’aide aux réfugiés et déplacés arméniens pour la ville de Kamishli. Ses comptes, écrits à la main, sont tenus au dollar près. Dans un très très épais cahier à lignes dans lequel il reste… énormément de pages blanches. Elle connait personnellement chacune des 540 familles arméniennes de Kamishli. Et leurs besoins, au dollar près.
Elle nous dit que plus de la moitié des Arméniens de Kamishli ont quitté la région. Mais ils ont été rejoints par des Arméniens qui viennent des villes prises par l’Etat Islamique – comme Raqqa – ou qui se situent dans des zones frontalières avec Daech - comme Alep ou Hassaké -, trop dangereuses.
Kamishli est déjà très dangereuse. Il y avait déjà eu des attentats-suicides mais depuis décembre 2015, ceux-ci sont de plus en plus nombreux et de plus en plus meurtriers. Les attentats-suicides à la voiture ou au camion piégé, c’est comme cela que Daech se bat: exploser des civils et foncer sur les lignes de fronts. « Drôle d’ennemi », disait un peshmerga, « qui lui n’a pas besoin de retourner chez lui après le combat ». Un autre peshmerga nous précise que ce ne sont plus seulement des combattants qui se font sauter dans les villes, mais parfois des civils désespérés à qui Daech a promis 10 000 dollars, pour la famille.
Les Arméniens qui restent à Kamishli, restent soit parce qu’ils n’ont pas le choix, soit parce qu’ils trouvent que leur devoir est de rester sur leur terre, de ne rien abandonner. {…}
Ecouter l'interview sur: https://youtu.be/zH0CjYyjSJI
Photo et interview: Marie Thibaut de Maisieres.