Le Comité des Arméniens de Belgique prend note de la signature par les ministres des Affaires étrangères de Turquie et d'Arménie de protocoles prévoyant les conditions de l’établissement de relations entre les deux Etats voisins. Ces accords doivent encore être ratifiés par les parlements nationaux.
Il tient toutefois à apporter les précisions suivantes:
- 1. Que la Turquie lève le blocus, qu’elle impose à l’Arménie depuis plus de 15 ans au mépris des lois internationales, est évidemment nécessaire et urgent.
- 2. Que l'Arménie s'engage à reconnaître comme légales les frontières de la Turquie est, en revanche, critiquable. En effet, les frontières actuelles ont été établies suite à l’extermination du peuple arménien par la Turquie. Le Traité de Sèvres de 1920 a réparé cette injustice en restituant à l’Arménie une partie de son territoire. La Turquie l’a enfreint par la force. Le génocide des Arméniens, crime imprescriptible, attend donc sa réparation et le Traité de Sèvres en est la base.
- 3. Que l’Arménie ait à discuter avec la Turquie "des événements historiques" est surprenant. Appartient-il en effet aux Etats d’écrire ou de réviser l’Histoire ? Le génocide des Arméniens fait partie de l’Histoire. Les faits constitutifs du crime de génocide ont été établis scientifiquement et reconnus par la plupart des Etats membres des Nations-unies. Il n’y a donc plus à discuter que des réparations.
- 4. En toute hypothèse, la république d'Arménie n'est habilitée à représenter ni les victimes du génocide, ni la diaspora.
- 5. Il est évident que l’Arménie n’a pas souscrit à ces protocoles de sa libre volonté. Sa signature lui a été soustraite par la force, à savoir le blocus maintenu par la Turquie en toute impunité, et par les pressions économiques et politiques internationales. Des pressions qui devraient au contraire contraindre la Turquie à réexaminer son histoire et proposer réparation pour le génocide. A cet égard, ces protocoles sont donc d'une valeur juridique douteuse.
Le Comité des Arméniens de Belgique appelle le gouvernement belge :
1. Au plan national, dans le cadre de sa lutte contre le racisme, à mettre fin au traitement discriminatoire infligé aux Tutsi et aux Arméniens de Belgique victimes d’agressions négationnistes impunies, en étendant la loi du 23 mars 1995 réprimant la négation du génocide nazi.
2. Au plan international, conformément au droit international, à venir en aide à l’Arménie en exigeant la levée du blocus sans conditions et le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, jusqu’à la reconnaissance par la Turquie du génocide des Arméniens.
Le 14 octobre 2009
Pour une version française des protocoles :