La Turquie a violé la liberté d'expression d'une universitaire américaine, interdite de territoire pour ses prises de position lorsqu'elle enseignait dans ce pays, a jugé jeudi la Cour européenne des droits de l'homme.

Norma Cox, domiciliée à Philadelphie (est), a enseigné dans deux universités turques. En 1986, elle fut expulsée et fit l'objet d'une interdiction de territoire en raison de propos sur les questions kurde et arménienne faites devant ses étudiants.

Dans sa plainte devant les juges de Strasbourg, Norma Cox faisait valoir qu'elle n'avait jamais été poursuivie pour avoir exprimé de telles opinions.

L'arrêt de la Cour considère que l'interdiction de rentrer sur le territoire "ne tient pas compte du fait que la liberté d'expression est garantie sans distinction de nationalité".

La Cour observe qu'il n'a jamais été suggéré par les autorités turques que l'enseignante ait commis une infraction en exprimant des opinions controversées relativement aux questions kurde et arménienne, et qu'elle n'a jamais fait l'objet d'aucune poursuite pénale.

De plus, la Cour "ne décèle pas dans le raisonnement des juridictions turques d'éléments permettant de comprendre en quoi exactement les opinions de la requérante ont été jugées dangereuses pour la sûreté du pays".

La Turquie, mentionne l'arrêt, devra verser 12.000 euros pour dommage moral. (AFP, 20 mai 2010)

 

 

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