Le 10 mai 2010, s’est tenue la 13e audience du procès à l’encontre des personnes accusées d’être impliquées dans l’assassinat du journaliste Hrant Dink. Reporters sans frontières souhaite attirer l’attention sur la déposition d’un témoin dont l‘identité a été maintenue secrète.
Lundi, un témoin a su identifier trois des accusés, présents sur les lieux de l’attentat. Il s’agit de Ogün Samast (tireur), de Osman Hayal (tireur) et de son frère Yasin Hayal (l’un des commanditaires présumés). Ils concentrent désormais sur eux l’essentiel de l’attention du tribunal.
Lors de sa déposition, le témoin a raconté ce qu’il a vu le jour de la mort du journaliste, le 19 janvier 2007. Il affirme qu’une personne d’environ 40-45 ans s’est approchée de Hrant Dink, s’est très brièvement adressée à lui en le maintenant d’une main. Le témoin a également déclaré que quelques instants après, deux autres personnes se sont approchées, l’encerclant. Après avoir fait une description physique assez précise de l’un des hommes présents, il affirme qu’il tenait une arme à feu et qu’il avait l’air d’être sous l’emprise de stupéfiants. “Cette personne a ouvert le feu sur Dink, à deux reprises, si je me souviens bien. J’ai remarqué que l’autre personne était Ogün Samast. Il a a son tour tiré à deux reprises et a crié sur le journaliste en employant le mot « arménien » ”.
Ogün Samast et Yasin Hayal contestent ces propos. Pour eux, ce témoignage n’est pas crédible. Il est important de signaler qu’Ogün Samast a déclaré avoir commis le crime seul, précisant que “tout le monde sait que Yasin Hayal était ailleurs ce jour-là”.
Suite à ce témoignage, deux accusés ont été libérés. Il ne reste plus que trois personnes en détention dans le cadre de ce procès : Ogün Samast, Yasin Hayal et Erhan Tuncal, un informateur de la police de Trabzon.
La veuve du journaliste, Rakel Dink, a assisté à l’ensemble des audiences, accompagnée et soutenue par ses avocats. Des avocats du barreau de Paris, ainsi qu’un député du Parti de la paix et de la démocratie (BDP) étaient présents à la dernière audience, le 10 mai.
Reporters sans frontières se réjouit de ces dernières avancées, mais regrette que le tribunal ait refusé d’entendre le témoignage de Sabri Uzun, l’ancien chef du renseignement. Sabri Uzun avait récemment affirmé qu’il n’avait pas été tenu au courant des menaces faites sur la vie de Hrant Dink, les dossiers ne lui ayant pas été transmis. Il avait déclaré que si la procédure normale et officielle avait été respectée, le journaliste serait en vie à l’heure actuelle. L’organisation ne peut que dénoncer son absence à la barre lors de la dernière audience. Si ses déclarations ne permettent pas d’identifier le meurtrier, elles mettent cependant en évidence des dysfonctionnements au sein même des services qui auraient dû assurer la sécurité du journaliste.
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