FRANCE 24 - 23/04   

Le chef de la contestation en Arménie, le député Nikol Pachinian, a été interpellé dimanche, alors que les manifestations se poursuivent contre l'ancien président Serge Sarkissian élu Premier ministre avec des pouvoirs renforcés.

Le reportage de France 24 sur:  https://youtu.be/R_aoSn5OkIA

La crise politique qui secoue l'Arménie depuis dix jours s'est aggravée. Dimanche 22 avril, le chef de la contestation et député de l'opposition Nikol Pachinian a été arrêté lors d'une nouvelle manifestation dans la capitale Erevan contre l'ancien président Serge Sarkissian, élu Premier ministre avec des pouvoirs renforcés.

Selon le Parquet général arménien, Nikol Pachinian, ainsi que deux autres députés d'opposition, sont accusés d'"avoir violé de manière répétitive et grossière la loi sur les manifestations" et ont été interpellés dimanche "au moment où ils commettaient des actes dangereux pour la société".

Le parquet n'a pas précisé où se trouvait actuellement l'opposant, qui bénéficie d'une immunité parlementaire et ne peut être arrêté qu'avec l'accord du Parlement.

Au total, la police a annoncé avoir interpellé des centaines de manifestants, alors que sept protestataires ont demandé une assistance médicale, selon le ministère arménien de la Santé.

"Préoccupation" de l'Union européenne

De son côté, l'ambassade des États-Unis à Erevan a appelé, dans un communiqué, "le gouvernement à faire preuve de retenue pour permettre une protestation pacifique (...) et ceux qui utilisent leur droit à la liberté de rassemblement à agir de manière responsable et à éviter des violences".

La délégation de l'Union européenne en Arménie a exprimé sa "préoccupation" devant l'aggravation de la crise dans ce pays de 2,9 millions d'habitants, en appelant à chercher "d'urgence une solution via des négociations".

Dans la matinée, une tentative de négociations entre Nikol Pachinian et le Premier ministre Serge Sarkissian, réunis devant les caméras de télévision dans un grand hôtel de la capitale arménienne, a échoué.

Alors que la Constitution interdit au président d'effectuer plus de deux mandats, ce dernier avait fait voter en 2015 une réforme controversée donnant l'essentiel des pouvoirs au Premier ministre et rendant les fonctions du président largement protocolaires.

Au-delà des manoeuvres de Serge Sarkissian pour rester au pouvoir après plus d'une décennie au poste de président, les manifestants reprochent à cet ancien militaire de 63 ans de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie du pays.