Petits poucets par la taille à l’échelle du monde, la Wallonie et l’Arménie s’engagent dans un partenariat économique original, Armenwal, basé sur la complémentarité de leurs entreprises. Pour grandir l’une et l’autre.

 

« Ce que nous attendons de ce projet, c’est de trouver un partenaire qui serait intéressé

par la livraison d’une usine clés sur portes, explique Alain Waeterloos, directeur d’Edilteco Benelux, une société spécialisée dans les bétons isolants. L’Arménie connaît une croissance

intéressante, malgré la crise, et ses besoins sont importants dans le domaine de la construction.  Des produits comme le nôtre sont de plus en plus demandés dans le monde entier, car plus personne ne peut se passer d’isolation, pour se prémunir de la chaleur comme pour se protéger du froid. L’Arménie nous offre de belles perspectives parce que ce que nous vendons, nous, c’est du vent, de l’air, des volumes très importants dont l’exportation serait bien trop coûteuse. En Arménie, comme dans une trentaine de pays au monde, nous cherchons donc

à implémenter des unités de production locale. Ce que nous exportons, c’est notre technologie, notre savoir faire, et aussi, un petit plus, notre produit secret qui permet de mélanger intimement le ciment et les billes de polystyrène (frigolite), et d’ainsi obtenir un béton isolant très léger, qui pèse de 80 à 90% de moins que le béton traditionnel. »

 

Le relais de la diaspora arménienne

 

Edilteco Benelux, qui devrait prochainement inaugurer une unité de production à Fleurus (Hainaut), s’est lancé depuis un peu plus d’un an à l’assaut des marchés émergents, également pour le compte de sa maison mère italienne. «Nous avons eu de très bons contacts en avril au Qatar, dit Alain Waeterloos. Edilteco Italie va installer une usine en Inde, et nous comptons  beaucoup sur ce programme avec l’Arménie, et la diaspora arménienne.»

Pour fuir le génocide du début du XXe siècle, des ressortissants arméniens ont en effet essaimé dans le monde entier, notamment en Europe et aux Etats-Unis, où ils jouent un rôle très actif d’ambassadeurs et de délégués commerciaux. C’est ainsi que la Belgian Armenian

Chamber of Commerce (BACC) et l’AWEX (Agence wallonne à l’exportation et aux  investissements étrangers) ont développé un projet totalement original, sorte de jumelage  économique entre entités de taille égale (3 millions d’habitants pour l’Arménie, et 3,5 pour la Wallonie) et dont la situation géographique et logistique est un atout : au cœur de l’Union européenne pour la Wallonie, au carrefour des échanges séculaires entre Europe et Asie pour l’Arménie, qui entretient de bons rapports avec la Russie et l’Iran, ses deux puissants voisins.

 

Côté nature

 

« Pour l’Arménie, précise Valery Safarian, président de la BACC, c’est le premier partenariat de ce type. Il bénéficie en outre du soutien de la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement de l’Europe de l’Est) pour laquelle il s’agit de l’un des

trois projets les plus séduisants, et de l’Unido (Organisation des Nations unies pour le  développement industriel). C’est dire notre confiance ! » L’économie arménienne dépend beaucoup du tourisme et des nouvelles technologies, mais le pays avait aussi développé les pôles de compétence énergie, agroalimentaire et pharmaceutique de l’URSS. Après l’implosion du bloc soviétique, elle a été privée de ses débouchés et s’est cherché de nouveaux horizons. Une petite trentaine d’entreprises wallonnes (un peu plus côté arménien)  se sont engagées dans Armenwal. Les laboratoires Ortis (phytothérapie) par exemple, ou  encore les cidres Stassen. L’Arménie est en effet un gros producteur de fruits et de plantes naturelles.

 

MICHEL DELWICHE

 

Le Vif