Le brutal attentat à la bombe dans une église de Bagdad peut être le coup de grâce pour cette communauté minoritaire vieille de 2 000 ans.
De EDEN NABY, JAMSHEED K. CHOKSY
|2 NOVEMBRE 2010
Aux cris de "Tuer, tuer, tuer", les kamikazes de l’État islamique d'Irak, une organisation militante satellite d’Al-Qaïda en Irak, ont pris d'assaut une église chaldéenne à Bagdad, dimanche. Un porte-parole du groupe a par la suite déclaré qu'ils avaient fait cela « Pour allumer la mèche d'une campagne contre les chrétiens irakiens. » Le grief le plus immédiat des assaillants semble être lié à la demande de libération de deux femmes musulmanes, prétendument retenues contre leur volonté dans des monastères coptes égyptiens*. Quand les forces gouvernementales irakiennes ont essayé de libérer les quelques 120 paroissiens qui avaient été pris en otage, les terroristes - qui avaient déjà tué par balle certains d’entre eux - ont fait exploser leurs vestes d’explosifs et leurs grenades, massacrant au moins la moitié des fidèles.
Mais ce massacre à Bagdad n’est que l'exemple le plus spectaculaire de la discrimination croissante et de la persécution des communautés chrétiennes d'Irak et d'Iran, qui subissent désormais un exode massif sans précédent dans l’histoire moderne, car elles sont confrontées à une vague montante de militantisme islamique et de chauvinisme religieux déferlant sur la région.
Les chrétiens sont la plus grande minorité religieuse non-musulmane tant en Irak qu'en Iran, et leurs racines au Moyen-Orient remontent aux premiers jours de la foi. Certains suivent l'Église arménienne orthodoxe apostolique. D'autres souscrivent à la tradition syriaque vieille de 2 000 ans, représentée principalement par l'Église catholique chaldéenne en Irak et par des locuteurs araméens, communément connus sous le nom d’Assyriens en Irak et en Iran.
Les responsables musulmans irakiens et iraniens affirment que les minorités religieuses dans leurs pays sont protégées. En septembre, l'ancien président iranien l'Ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani a réaffirmé au patriarche de l'Église assyrienne de l'Est que les minorités religieuses étaient respectées et protégées en Iran. Et pourtant, les membres des confessions chrétiennes d'Iran, tout comme leurs homologues juif, zoroastrien, mandéen et bahaï, ne se sentent pas en sécurité. Un membre du Conseil national des Églises d’Iran, Firouz Khandjani, s’est plaint au mois d’août : « Nous faisons face à la pire persécution » depuis de nombreuses décennies, y compris la perte d'emplois, de maisons, de libertés et de vies, a-t-il dit, « Nous craignons de tout perdre. »
En Irak, depuis l’invasion américaine, les communautés chrétiennes assyriennes et chaldéennes ont assisté à une montée de la violence des militants musulmans contre leurs quartiers, leurs enfants et des sites religieux. Même les pasteurs ne sont pas en sécurité - deux d’entre eux sont morts dans le récent attentat à la bombe à Bagdad ; plusieurs ont été tués par les Irakiens sunnites et chiites depuis 2003. En Iran, d'autres ecclésiastiques, y compris des membres des Églises arménienne, protestante et catholique, ont été arrêtés, enlevés, emprisonnés, torturés, ou même exécutés sommairement, au cours des trois dernières décennies.
« De nombreux chrétiens de Mossoul ont été systématiquement visés et ne sont plus en sécurité » a déclaré Laurens Jolles, un représentant du HCR, en 2008, après que des femmes chaldéennes ont été violées, et leurs maris, y compris l'archevêque Paulos Faraj Rahho, torturés et tués en signe d’avertissement aux chrétiens pour qu’ils abandonnent leurs maisons et leurs emplois. En Iran, des ecclésiastiques chrétiens ont été ciblés - Tateos Mikaelian, le pasteur de l'Église évangélique arménienne Saint Jean à Téhéran a été assassiné en 1994, comme le fut l'évêque Haik Hovsepian Mehr, qui présidait les Assemblées de l’Église de Dieu. (Note : pentecôtistes)
©Traduction de l’anglais C. Gardon pour le Collectif Van – 09 novembre 2010 – 07:25 - www.collectifvan.org