A l'occasion de la visite hier en Turquie de Nicolas Sarkozy, ès qualité de président du G20, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui dirige un gouvernement islamo-conservateur depuis 2003, et pratique une diplomatie « néo-ottomane », s'est permis quelques déclarations d'une rare arrogance, en ce qui concerne les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
Le président français étant avec la chancelière allemande l'un des opposants à l'intégration d'Ankara au sein de l'UE, M. Erdogan a déclaré « Nous avons beaucoup mis en garde Sarkozy sur le sujet. Nous lui avons dit que son approche de la Turquie était mauvaise… » Erdogan n'accepte pas les réserves de Sarkozy et Merkel sur l'adhésion turque : « L'UE a besoin de la Turquie, la Turquie a besoin de l'UE […] ils veulent sans doute que nous renoncions, mais nous résistons… » M. Erdogan qui dissimule parfois très mal son « background » de militant islamiste, voudrait ainsi forcer l'Union européenne à lui ouvrir les portes. Ce serait oublier un peu vite que celui qui posait dernièrement en champion de la cause arabe et plus particulièrement palestinienne, en dénonçant avec haine les positions israéliennes vis-à-vis de Gaza, manifeste un extraordinaire mépris à l'endroit des citoyens de l'un des état membres de l'Union. Depuis 1974, 40 % du territoire de Chypre est occupé par l'armée turque, qui a déporté plus de 200 000 civils, sans parler de ceux qui ont disparu par milliers dans les geôles turques. La Turquie de M. Erdogan poursuit l'épuration ethnique de la partie Nord de Chypre où 185 000 colons anatoliens ont été transférés qui se sont ajoutés aux 89 000 Chypriotes turcs. Et c'est ce même Erdogan qui accuse l'Union européenne de porter « une grande responsabilité dans le blocage actuel en acceptant la partie sud de l'île dans l'Union ».
Ainsi, le premier ministre Erdogan prétend faire adhérer la Turquie à l'Union européenne quand il n'en reconnaît pas tous les membres et conteste ses frontières ! Au-delà, de graves contentieux internationaux demeurent entre la Turquie et l'Europe qui concernent le respect des droits de l'Homme.
Les Kurdes sont victimes d'une constante et violente discrimination. La Turquie refuse de reconnaître les droits de cette population, pire, la Turquie continue de massacrer ceux des Kurdes qui lui résistent, s'alignant ainsi sur les massacres commis à la fin des années 30, notamment dans la région du Dersim ; 13 000 morts, 22 000 déportés, les enfants survivants soumis à une politique de « turquification » dans des orphelinats d'Etat. Un massacre postérieur à celui des Arméniens, plus d'un million d'hommes et de femmes exterminés, que la Turquie de M. Erdogan, prise en exemple par les démocrates tunisiens et égyptiens, se refuse à reconnaître, poursuivant une politique négationniste lamentable.
L'UNION
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