Il est moins cinq : renouant avec la tradition des dîners de contact avec les décideurs politiques et la société civile, le Comité de coordination des organisations juives de Belgique vient d’interpeller directement le monde politique belge, Yves Leterme en tête sur les périls croissants de l’antisémitisme dans nos régions. Pour son président Maurice Sosnowski, "c’est comme un virus en train de muter et hélas de réussir sa mutation" .

L’antisémitisme a connu diverses formes mais voilà qu’il se renforce dangereusement à cause de l’antisionisme et du négationnisme. C’est pourquoi le Dr Sosnowski a exhorté la Belgique à ne pas participer à la conférence de Durban III, convaincu que "la rencontre sera une fois encore transformée en foire anti-israélienne et, surtout, antisémite". Steven Vanackere a cependant confirmé l’intention de la Belgique d’en être.

Pour Maurice Sosnowski, la communauté juive a " l’impression d’être sacrifiée sur l’autel d’enjeux purement communautaristes" . Un sentiment partagé par les Belges d’origine arménienne. "Au nom du mieux vivre ensemble faudra-t-il en venir à ne plus jamais oser évoquer le génocide des Arméniens ?" Pour le CCOJB, "la mission des politiques et des médias est d’éduquer le citoyen contre les idées reçues et non soutenir des propos démagogiques. Une tentation par trop présente aujourd’hui au sein de nos élites" .

Mais si les Juifs de Belgique sont aux aguets, c’est parce qu’ils sont "plus inquiets qu’heureux. Il fait toujours bon vivre comme juif en Belgique mais pour combien de temps si l’on continue la politique de l’autruche ?" Et le président de rappeler qu’à l’ULB " le journal de Solvay, se voulant sarcastique sur les religions, autorise la publication d’une phrase suggérant aux futurs étudiants juifs de passer par les fours po lonais avant de s’inscrire et d’organiser un baptême étudiant à la gloire du nazisme". Pour lui, il est donc temps "d’en appeler à la responsabilité et au courage politique. La priorité est, à l’éducation, à l’enseignement. Le mieux vivre ensemble commence par l’apprentissage du respect de l’autre".

Et les pouvoirs publics doivent aussi tenir leurs engagements ! Maurice Sosnowski a ainsi évoqué le mauvais fonctionnement de la cellule ministérielle de veille contre l’antisémitisme : " Nous avons été lassés par l’inutilité de nos réunions. Les représentants des différents ministères souvent absents, nos plaintes sur tel ou tel incident antisémite restant sans suite, nous avons demandé et obtenu une rencontre avec la ministre Milquet." Une réunion utile cette fois car la cellule dépendra désormais directement du Premier ministre. Revenant aussi sur la proposition de loi VB sur l’amnistie, Maurice Sosnowski a souhaité avec force qu’" al ors que la Belgique sera cette année à la tête de la task force internationale sur la Shoah, le Sénat se penche enfin sur l’étude du CEGES et qu’à leur tour les élus de la nation reconnaissent d’une part les responsabilités et d’autre part soutiennent des propositions pour supprimer les injustices qui frappent certaines victimes civiles en assouplissant les conditions liées à l’acquisition de la nationalité belge" . Pour l’heure, ses demandes sont encore sans réponse

Christian Laporte

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