ISTANBUL, 15 mai 2013 (AFP) - La Cour de cassation turque a partiellement invalidé mercredi le jugement condamnant les assassins du journalistes d’origine arménienne Hrant Dink, estimant que les juges auraient du retenir la thèse d’un crime commis par une organisation criminelle, a affirmé à l’AFP une avocate de la famille Dink.

“La Cour de cassation a maintenu les condamnations prononcées contre les suspects mais a cassé la décision qui les acquittait de crime en bande criminelle organisée“, a déclaré Me Fethiye Cetin. La décision doit conduire à une nouvelle enquête sur les ramifications d’un complot à l’origine du meurtre de Dink, une figure respectée de la communauté arménienne de Turquie.

“Nous saluons la décision qui reconnaît qu’il ne s’agissait pas seulement d’un meurtre commis au hasard“, a commenté Me Cetin. La Cour de Cassation a été saisie en janvier par le ministère public, considérant que le meurtre avait été commis “par une organisation de manière systématique, organisée et planifiée“.

Hrant Dink a été abattu de deux balles dans la tête le 19 janvier 2007 à Istanbul devant les locaux d’Agos, l’hebdomadaire bilingue turc-arménien qu’il dirigeait, par un jeune nationaliste âgé de 17 ans, un crime qui a bouleversé la Turquie. L’auteur de l’assassinat, Ogün Samast, a été condamné en juillet à 23 ans de prison, et son instigateur, Yasin Hayal, a été condamné mardi à la réclusion à perpétuité.

Mais de nombreux observateurs restaient sceptiques face à ce verdict, qui a écarté l’accusation d’un complot alors que les avocats de la partie civile réclamaient une enquête plus approfondie sur les ramifications du crime au sein des rouages de l’Etat.

Chaque année, des milliers de personnes se réunissent devant les locaux d’Agos le jour anniversaire de la mort de Hrant Dink pour lui rendre hommage et demander justice.

Dink oeuvrait à la réconciliation entre les Turcs et les Arméniens au regard de leur passé sanglant, mais les nationalistes lui en voulaient d’avoir employé pour le massacre des Arméniens sous l’Empire ottoman le terme de génocide, qu’Ankara rejette farouchement.

 

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