Le Pape en Arménie en 2015?
La semaine dernière, alors qu'il recevait Sa Béatitude Nersès Bédros XIX Tarmouni, le primat de l’Église catholique arménienne, le pape François avait déclaré que « le premier génocide du XXe siècle a été celui des Arméniens » (en 1915).
En 2006, alors archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait déjà appelé la Turquie à reconnaître le génocide arménien comme « le plus grave crime de la Turquie ottomane contre le peuple arménien et l'humanité toute entière ». Il n'avait pas encore réaffirmé cela publiquement depuis son élection.
Ses propos ont en tout cas provoqué une réaction de la Turquie qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a répondu : « Ce que l'on attend du pape, c'est qu'il contribue à la paix dans le monde, avec toute la responsabilité de la place spirituelle qu'il occupe, pas qu'il ressorte des différends du passé ». Le ministre a également appelé le nonce apostolique en Turquie pour lui expliquer que la déclaration du pape était « inacceptable » et inviter très fortement le Vatican à « éviter de poser des actes qui risqueraient d'affecter de façon irréparable les relations bilatérales » entre les deux Etats.
Un autre responsable politique turc, cité par le journal Today's Zaman, précise : « Ce n'est pas à la papauté d'exprimer une opinion sur les affirmations de génocide par les Arméniens ; en réalité, ce devrait être aux historiens et aux avocats de commenter cela après avoir examiné les faits historiques ».
Malgré cela, le pape François a précisé depuis qu'il souhaitait visiter Erevan, la capitale arménienne, et y célébrer une cérémonie religieuse en 2015, à l'occasion du centenaire des massacres de 1915.
Cette déclaration pourrait avoir pour conséquence de voir la Turquie interdire au pape de se rendre prochainement à Istanbul pour rencontrer le patriarche grec orthodoxe, comme ses prédécesseurs l'ont fait avant lui, même si, selon des responsables turcs, cette question n'a pas encore été débattue.
11 juin 2013