Nul n’ignore le génocide que planifièrent et exécutèrent, à partir de 1915, les autorités de l’Empire ottoman contre les Arméniens qui vivaient sur le territoire actuel de la Turquie. On sait moins que d’autres communautés furent aussi, de la même manière, victimes de cette épuration ethnique visant en fait toutes les minorités chrétiennes. Ainsi a-t-on pu dénombrer - les chiffres étant forcément approximatifs - un peu moins de 3 millions de morts dont 1,5 million d’Arméniens, 500.000 Grecs pontiques et 750.000 Syriaques ou Assyriens.
C’est en mémoire des martyrs de cette dernière communauté que sera inauguré, le 4 août prochain à Banneux, un monument qui fait suite à d’autres, érigés en Australie, en Amérique, en Arménie, en France… Pourquoi Banneux ? "Parce qu’il s’agit avant tout d’un site religieux, nous dit Pierre Gabriel , administrateur de l’Institut syriaque de Belgique, à l’origine de l’initiative avec le Seyfo Center, et que les gens qui ont été massacrés en 1915 l’ont été pour la seule raison qu’ils n’entraient pas dans le moule que l’Empire ottoman avait fait. En outre, c’est un site très fréquenté par notre communauté, non seulement de Belgique mais de toute l’Europe".
L’Institut syriaque, qui a son siège à Liège - le Seyfo Center étant en Allemagne - œuvre à entretenir à l’intérieur et faire connaître à l’extérieur la culture du peuple assyrien (syriaque), terme utilisé comme synonyme des autres noms (assyrien, araméen, chaldéen, syriaque ou assyro-chaldéen-syriaque). Ils sont quelque 15.000 en Belgique et on y trouve des chrétiens d’obédience catholique, orthodoxe ou protestante, mais le mémorial banneusien entend réunir tout le monde. Réalisé par l’artiste Mouché Malké, il montrera une colombe tuée, sculptée sur une pierre de 12 tonnes.
Voilà qui, on s’en doute, ne devrait pas trop plaire aux autorités turques, celles-ci ne cessant de se camper dans le déni catégorique sur la question du génocide. "En France, explique Pierre Gabriel, le maire de Sarcelles, en région parisienne, a reçu de l’ambassade turque une lettre où on parle du "prétendu génocide". En Australie, le monument a été tagué quelques jours après son inauguration et les gouverneurs ont aussi reçu des lettres. Moi, j’ai grandi avec mon grand-père qui m’a tout raconté. Je sais que cela s’est passé. Mais pour les autres, il y a les travaux des historiens. L’Association internationale des historiens spécialistes du génocide a fait une déclaration invitant le gouvernement turc à reconnaître la campagne qui a été menée contre les minorités chrétiennes…" La réalité des faits a été admise officiellement par la Suède en 2010 et l’Australie en 2013, entre autres.
La cérémonie du 4 août - ouverte à tous - aura lieu à 13 heures, rue de l’Esplanade, avec la participation de plusieurs personnalités politiques et religieuses, parmi lesquelles l’évêque émérite de Liège Mgr Jousten.
26 juillet 2013