Le pape François a reçu jeudi le patriarche des Arméniens Karékine II, appelant à ne jamais oublier le sang versé par les chrétiens arméniens au siècle dernier et en soulignant que le sacrifice des martyrs doit permettre de renforcer l’unité entre leurs différentes communautés.
Le pape a fait indirectement allusion aux grands massacres des Arméniens sous l’empire Ottoman au début du XXe siècle : “Le nombre des disciples qui ont versé leur sang pour le Christ dans les tragédies du siècle dernier est certainement supérieur à celui des martyrs des premiers siècles“ de l’Eglise.
“Dans ce martyrologue, les enfants de la nation arménienne ont une place d’honneur“, a-t-il relevé, devant le patriarche de cette Eglise orthodoxe très ancienne de sept millions de fidèles, dispersés entre l’Arménie et la diaspora, notamment en Amérique du nord.
Le témoignage des Arméniens “ne doit pas être oublié. Comme dans l’Eglise antique, le sang des martyrs devient semence de nouveaux chrétiens, de même que, de nos jours, le sang de nombreux chrétiens est devenu semence de l’unité“ entre les Eglises, a-t-il estimé.
“L’oecuménisme de la souffrance et du martyre est une exhortation puissante à arpenter la route de la réconciliation entre les Eglises. Nous ressentons le devoir de parcourir cette route de fraternité“.
Cette notion de “l’oecuménisme du martyre“ est revenue à plusieurs reprises dans la bouche du pape ou de hauts responsables de l’Eglise, notamment à propos de la tragédie syrienne ou des actions terroristes de Boko Haram au Nigeria. Des chrétiens de différentes confessions ayant été tués ou enlevés par des groupes islamistes dans ces pays.
L’appel à l’unité des Eglises, catholiques et orthodoxes, souvent divisées par des querelles anciennes, devrait être un point fort du message de François, quand il se rendra en Jordanie, Palestine et Israël du 24 au 26 mai.
Le Catholicos, déjà présent lors de la messe d’inauguration du pontificat de François en mars 2013, a ensuite eu un temps de prière oecuménique avec le pape, dans une chapelle du Vatican.
En 1999, Karékine avait été élu 132e patriarche des Arméniens, et a eu plusieurs rencontres avec les derniers papes.
Arrivé mercredi pour un séjour de plusieurs jours à Rome avant de se rendre aux Etats-Unis, il avait au programme une rencontre au Conseil Pontifical pour l’unité des Chrétiens, et une entrevue avec le pape émérite Benoit XVI. (AFP)
9 mai 2014