Les débats ont été notamment marqués par les insultes et les menaces proférées par les accusés à l’encontre des parties civiles.
Le 6 juillet 2009, la dixième audience du procès des assassins présumés du journaliste turc d’origine arménienne, Hrant Dink, s’est déroulée devant la 14e chambre de la Cour d’assises d’Istanbul. Les débats ont été notamment marqués par les insultes et les menaces proférées par les accusés à l’encontre des parties civiles. L’audience a été consacrée aux dépositions de témoins visant à établir si le tireur, Ogün Samast était seul sur les lieux de l’assassinat, le 19 janvier 2007.
Le président du tribunal a mis en garde la police nationale et celle de Trabzon ainsi que la direction des Télécommunications, en raison de leur incapacité à répondre aux demandes d’informations du tribunal. Le magistrat a menacé de porter plainte si des réponses ne lui étaient pas apportées rapidement.
“Si le procès suit son cours, plusieurs services publics continuent de faire de l’obstruction à la manifestation de la vérité. Cela témoigne de la protection et du soutien dont bénéficient dans ces institutions, notamment la police, les accusés, et plus largement, tous les responsables de ce crime, identifiés ou encore inconnus ”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Cette connivence avec des assassins mus par un nationalisme haineux est le principal obstacle à la justice. C’est pourquoi, nous insistons sur la responsabilité des dirigeants turcs à obtenir des fonctionnaires qu’ils fournissent les réponses exigées par le tribunal”, a poursuivi l’organisation.
Le 6 juillet 2009, le juge présidant la 14e chambre de la cour d’assises a prévenu les services de police nationale, ceux de la ville de Trabzon, et la direction des Télécommunications, qu’ils s’exposeraient à des poursuites s’ils ne communiquaient pas les informations sur les SMS et les appels échangés par plusieurs accusés.
Par ailleurs, les avocats de la famille Dink ont mis en garde le président du tribunal, Erkan Canak, pour son manque d’autorité, après les menaces de représailles proférées par Ogun Samast, à l’encontre de la famille et de ses défenseurs. Par conséquent, le jeune homme devrait prochainement être inculpé par le parquet pour ces faits.
Plusieurs témoins ont été entendus sur les circonstances de l’assassinat du journaliste et sur les liens des accusés avec les forces de l’ordre, dont Mesme Havva, une employée d’un magasin du quartier où Hrant Dink a été abattu. Elle a assisté à l’assassinat et a vu un autre homme indiquer au tireur, la direction de la rue Safak (proche de la rédaction d’Agos, dirigé par Hrant Dink) avant de prendre la fuite avec lui. Ogun Samast n’aurait pas agi seul.
La prochaine audience a été fixée au 12 octobre 2009. Elle sera notamment consacrée à l’audition d’un témoin dont l’identité est tenue secrète, ainsi qu’à l’examen de l’arme du crime.