Aram Tigran, artiste kurde d'origine arménienne, a été enterré à BruxellesCe lundi (17/08/09), la dépouille de l’artiste musicien kurde d’origine arménienne Aram Tigran Melikian (1934-2009) a été enterrée à l’emplacement n°70 dans le cimetière de Jette (Boulevard de Smet de Naeyer) après une cérémonie religieuse ayant eu lieu en matinée à l’église apostolique arménienne Sainte-Marie-Madeleine (rue Kindermans à Ixelles).
Né le 15/01/34 à Al-Qamishli (Syrie) et issu d’une famille arménienne originaire de Diyarbakir (Turquie) ayant fui le génocide arménien, Aram Tigran était considéré comme l’un des meilleurs chanteurs et musiciens contemporains arméno-kurdes. Il laisse notamment derrière lui un répertoire musical composé de 230 chansons en kurde (kurmandji), 150 en arabe, 10 en syriaque, 8 en grecque et 7 en zazaki (dialecte kurde).
Ayant très difficilement obtenu la nationalité grecque, le défunt avait émis le souhait de pouvoir se faire enterrer dans un cimetière arménien situé dans la ville natale de ses parents (Diyarbakir) et l’annonce dans les médias d’une possible réponse positive des autorités turques avait déclenché joie et fierté au sein des minorités kurde et arménienne vivant en République de Turquie. Finalement, le ministère turc de l’Intérieur refusera de délivrer une telle autorisation sans fournir une explication écrite du motif de refus. “C’est l’annonce verbale positive d’Ertugrul Gunay [ministre turc de la Culture] qui a déclenché une telle joie mais finalement les autorités turcs ont refusé d’autoriser l’enterrement d’Aram Tigran à Diyarbakir au motif qu’il ne possède pas la nationalité turque. En réalité, il s’agit d’une décision politique car Aram Tigran n’a pas non plus la nationalité belge et nous n’avons eu aucun problème pour l’enterrer à Jette où réside une partie de sa famille“, explique Ahmet Dere, membre du Congrès national du Kurdistan en poste à Bruxelles.
Aram Tigran voulait être enterré à Diyarbakir. Plusieurs responsables politiques de la ville de Diyarbakir (dont le maire Osman Baydemir) ont rendu visite ces derniers jours à Bruxelles pour présenter leurs condoléances à la famille du défunt artiste. Parmi les centaines de participants à ses funérailles, il convient de noter la participation musicale des artistes kurdes, des dirigeants d’organisations politiques kurdes en exil (Remzi Kartal et Zübeyir Aydar du Kongra-Gel, Haci Ahmadi du PJAK, Nizamettin Toguc du KNK, Derwis Ferho de l’Institut kurde à Bruxelles), d’une autorité religieuse arménienne ainsi que de nombreuses familles arméniennes et kurdes de Bruxelles. Les participants ont été invités à partager un repas, offert par la famille en l’honneur du défunt, dans une salle du Comité des Arméniens de Belgique à Jette.
Aram Tigran a séjourné dans la commune de Jette de 1990 à 1995. “Mon père a dédié sa vie à la musique et il est finalement décédé à Athènes le 8 août à 11h30 d’une soudaine tumeur cérébrale. Je peux vous dire que mon père était quelqu’un de très, très bien. Il avait vraiment un grand coeur et il a réussi son pari de vouloir être connu à travers le monde pour sa musique et ses talents artistiques. Aujourd’hui, nous sommes très affectés par sa mort“, a déclaré Agop Melikian (30 ans), fils d’Aram Tigran.
(Parlemento- Independent news agency)