Peut-on confier des recherches historiques à un Etat négationniste ?
Aujourd’hui le génocide arménien « étudié » par Ankara.
Demain, Ahmadinejad « étudiera » la Shoah.

 

La République d’Arménie et la République de Turquie ont rendu publics le 31 août 2009, deux protocoles d’accord, portant sur l’établissement et le développement de relations diplomatiques entre elles.

Invité fantôme des 2 protocoles, le génocide arménien, jamais nommé, est l'un des enjeux majeurs de ces accords aux termes sibyllins. La Turquie et l'Arménie conviennent, entre autres points, d'entreprendre « un examen scientifique impartial des dossiers et des archives historiques afin de définir les problèmes existants et de formuler des recommandations » avec « la création d’une Commission intergouvernementale bilatérale qui doit comporter des sous-commissions distinctes » auxquelles « des experts Arméniens, Turcs, mais aussi Suisses et d’autres experts internationaux pourront s’associer ».

Or, le génocide arménien a déjà été très largement étudié et documenté : il est reconnu dans le monde entier par la communauté scientifique, des organisations internationales, des Etats, et même une partie émergente de la société civile turque.

S'il est souhaitable que des pays voisins entretiennent des relations pacifiées, un génocide concerne l'humanité tout entière et ne peut être ramené à une simple question bilatérale entre l'Etat héritier des bourreaux et celui des victimes. Ou du moins d'une partie des victimes car l'essentiel des descendants des rescapés vit, en fait, en diaspora et non en Arménie.

De plus, comment confier des recherches historiques à un Etat turc qui pratique un négationnisme offensif, qui finance, dans les universités du monde entier, des chaires négationnistes, d'où seront - peut-être - issus les fameux « experts internationaux » chargés de « l'examen scientifique impartial des dossiers et des archives historiques »... ? Envisagerait-on de laisser l’étude de la Shoah à un Ahmadinejad qui déclare ces jours-ci : « Si l'Holocauste a été un événement réel, pourquoi ne permettent-ils pas des recherches pour éclaircir les faits ?» ?

Si l'Arménie, pays pauvre et enclavé, cherche à assurer sa viabilité économique, géopolitique, militaire et énergétique, les Arméniens de la diaspora, descendants des rescapés du génocide arménien sont, eux, voués à continuer le combat pour la justice et les réparations, car le négationnisme de l’Etat turc, "c’est le double-meurtre" comme l’a si bien analysé Elie Wiesel. 

Séta Papazian, Présidente du Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
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