Des milliers d'Arméniens ont protesté samedi devant l'ambassade de Turquie et le catholicosat arménien contre le protocole qui devait être signé entre Erevan et Ankara.

Le catholicos des arméniens-orthodoxes Aram Ier a affirmé que « ce sont la volonté du peuple et son unité qui sont les constantes qui durent, non les protocoles ». « Nous ne renoncerons pas à nos revendications, a-t-il poursuivi. Nos droits sont confisqués et nous continuons à les réclamer quelles que soient les circonstances. Nous appelons non seulement à une reconnaissance du génocide, mais aussi à un dédommagement. »
Le catholicos Aram Ier se prononçait samedi devant des milliers de manifestants arméniens ayant répondu à l'appel lancé par les partis Tachnag, Ramgavar et Hentchag pour protester devant le patriarcat arménien à Antélias contre le protocole qui devait être signé le jour même à Zurich entre l'Arménie et la Turquie en vue de normaliser les relations entre les deux pays. Les six députés arméniens se sont joints aux manifestants.

Notant que durant son histoire, le peuple arménien a exprimé son refus face à plusieurs situations, principalement « lorsque notre pays était en danger », le catholicos a affirmé qu'« aujourd'hui, le peuple arménien réitère son refus à ce qui se passe ». « Nous avons relevé les défis dans les périodes les plus difficiles, et nous avons remporté plusieurs victoires pour sauvegarder notre pays, l'Arménie, et préserver sa souveraineté, a ajouté Aram Ier. En cette période difficile par laquelle passe notre pays et le monde, nous disons "non" à tout ce qui ne convient pas à ce peuple et ne préserve pas ses intérêts. »

Le catholicos a ajouté que « des tempêtes secouent Erevan, Beyrouth, le Moyen-Orient et l'Europe », soulignant dans ce cadre qu'en sa qualité de patriarche de la communauté arménienne, il ne peut pas rester neutre « parce que je suis issu du peuple et que je travaille pour lui ».
Et Aram Ier d'affirmer que les martyrs de 1915 « nous appellent à refuser tout protocole qui ne prend pas en considération le premier génocide du XXe siècle, ainsi que toutes les initiatives qui ont pour objectif de couper notre élan et de transformer nos regroupements en scènes folkloriques ». « Ils essaient de nous faire oublier l'Arménie occupée, notamment le mont Ararat, a-t-il déploré. Nous refusons tout ce qu'on essaie de faire pour séparer l'Arménie de sa diaspora parce que notre peuple est solidaire malgré la différence dans les idées. Ne permettez donc pas à la Turquie de trouver une faille entre l'Arménie et sa diaspora. »

Le catholicos a ensuite poursuivi : « En cette période difficile, qu'espèrent les grands États réunis en Suisse ? Ils essaient évidemment de passer outre le génocide, de pardonner à la Turquie, de déformer la réalité et de nier nos droits. »

Plus tôt en journée, des milliers d'Arméniens avaient également manifesté devant l'ambassade de Turquie à Rabieh, où les forces de l'ordre ont dressé un cordon de sécurité. Les manifestants ont enlevé une partie des barbelés avant d'être repoussés par les forces de sécurité à coups de gaz lacrymogène. Ils portaient des drapeaux arméniens et scandaient « Turquie, dehors. »

Liban -12 octobre 2009

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