Les gouvernements de la République d’Arménie et de la République de Turquie ont rendu public le texte de deux protocoles d’accord qu’ils doivent signer le 10 octobre prochain, consacrés l’un à l’établissement de relations diplomatiques, l’autre au développement d’une coopération fondée sur l’ouverture de la frontière commune et la constitution d’une commission intergouvernementale, comprenant elle-même une sous-commission chargée de définir les problèmes de dimension historique qui existent entre leurs deux nations et de formuler des recommandations. Après en avoir pris connaissance, le Collectif 2015 : réparation et l’Organisation Terre et Culture-France :

Considérant que la Turquie refuse toujours de reconnaître et de réparer le génocide commis contre les Arméniens pendant la Grande Guerre ; que, de ce fait, les relations diplomatiques visées mettent sur un même pied l’État criminel et négationniste et un État représentant une fraction de la nation victime et spoliée ;

Constatant que le nécessaire développement de relations de bon voisinage se trouve subordonné à l’occultation délibérée de ces circonstances ;

Considérant que la soumission de la question du génocide des Arméniens à l’appréciation d’une sous-commission intergouvernementale constituée pour moitié de représentants de l’État négationniste, est de nature à engendrer une grave dérive révisionniste et entre en contradiction avec toutes les déclarations de reconnaissance effectuées par les gouvernements, les parlements nationaux et les instances internationales au cours de ces dernières décennies ;

Constatant que la frontière commune n’est fermée qu’en raison d’un blocus unilatéral établi par la Turquie, dont celle-ci entend monnayer la levée ;

Rappelant que la République d’Arménie ne dispose en aucune manière de la légitimité nécessaire pour s’exprimer sur des questions relevant des intérêts et des droits fondamentaux de la nation arménienne tout entière, laquelle est constituée pour partie des citoyens de cette République et pour partie des descendants de la Nation arménienne de Turquie, fondatrice de la Grande diaspora ;

Constatant enfin que cette initiative tend à nier le débat qui s’est instauré depuis plusieurs années au sein de la société civile en Turquie même, pour mettre un terme au négationnisme d’État et procéder à une réévaluation de l’idéologie kémaliste ;

En conséquence,

1 - Récusent dans leur ensemble ces protocoles ;

2 - Rappellent que la politique adoptée dès sa fondation par la République de Turquie s’inscrit dans le prolongement de celle du gouvernement jeune-turc organisateur du génocide, notamment par l’abrogation des droits politiques de la Nation arménienne de Turquie, la confiscation des biens nationaux et privés - fonciers, immobiliers et mobiliers - la dénationalisation forcée des rescapés et leur réduction au statut d’apatrides, la destruction continue du patrimoine culturel, qui relève elle-même du Crime contre le patrimoine culturel mondial, tel que défini par l’Assemblée générale de l’Unesco en 2003 ;

3 - Affirment que l’établissement de relations diplomatiques ne peut qu’être subordonnée à la reconnaissance préalable du génocide des Arméniens par la Turquie et son engagement à effectuer les réparations qui s’imposent envers la Nation arménienne de Turquie, qui survit dans la Grande diaspora, et, simultanément, envers la République d’Arménie ;

4 - S’associent aux autres déclarations dénonçant ces protocoles et appellent à la mise en place d’une plate-forme représentative de l’ensemble des composantes de la Diaspora en vue d’une discussion tripartite sur la réparation du préjudice causé à la nation arménienne et dans la perspective d’une paix durable et véritable entre les peuples, comme indiqué dans la déclaration du 24 novembre 2004 du Collectif 2015 : réparation*.

Paris, le 4 octobre 2009.

Collectif 2015 : réparation,

Organisation Terre et Culture-France

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