Communiqué du CCAF ( (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France) - 27/10
Lors de la conférence de presse qu’ont donné lundi 24 octobre à Ankara le ministre français des Affaires étrangères et son homologue turc, ce dernier s’est permis de mettre en cause la liberté d’expression en France en déclarant notamment « espérer » que le Conseil Constitutionnel censurera l’article l’article 38 ter de la loi "égalité et citoyenneté".
Pour ceux qui attendaient la réaction du gouvernement turc, la voilà.
Ces propos constituent une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de la France, sur les décisions de son Parlement et sur le fonctionnement de ses institutions. La loi française s’écrit à Paris et non à Ankara. Cette pression sur le Conseil constitutionnel, exercée sans la moindre pudeur au nom de la «liberté d’expression» est d’autant plus mal venue que la Turquie est classée 151e sur 180 pays au classement mondial 2016 de RSF sur la liberté de la presse. D’ailleurs, au moment même où M. Cavusoglu tenait ses propos, l'ONG Human Rights Watch (HRW), à la suite de nombreuses autres, dénonçait dans un rapport publié le 25 octobre le « climat généralisé de peur » sévissant actuellement en Turquie, ainsi que la torture pratiquée dans ses prisons, alors que plus de 35 000 personnes ont été arrêtées depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet dernier.
En essayant de faire pression sur l’État français pour obtenir l’annulation de l’article 38 ter de la loi "Égalité et Citoyenneté" qui prévoit la sanction du négationnisme d’un génocide « lorsque la négation, la minoration ou la banalisation de ce crime constitue une incitation à la violence ou à la haine », le ministre turc des Affaires étrangères s’inscrit dans la longue tradition de complicité des autorités turques avec les assassins du peuple arménien. Son objectif est clair : continuer à exporter et répandre en France et en Europe le racisme anti-arménien qui avait présidé au crime. Et ce en toute « liberté ». Cette démarche est caractéristique de la nature structurellement négationniste de l’Etat turc (selon les termes de l'historien turc Taner Akçam), dont l’idéologie haineuse, nourrie par l’impunité du génocide, n’a pas bougé d’un pouce depuis 100 ans.
Nous en appelons à l’indépendance et à plus grande vigilance de nos institutions, pour que la volonté nationale, exprimée le 2 juillet par l’Assemblée nationale et le 14 octobre par le Sénat, soit respectée, en dépit de ces nouvelles pressions.
Bureau national du CCAF (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France)