COMMUNIQUE DE PRESSE 

Bruxelles, le 11 Avril 2019 - Le 24 avril prochain, la Chambre des Représentants s’apprête à voter un texte de loi interdisant les discours négationnistes, à l’exception notable du discours négationniste sur le génocide des Arméniens, des Araméens/Assyriens et des Grecs pontiques de 1915. Si nos organisations approuvent pleinement le principe de l’interdiction du négationnisme et de l’incitation à la haine et à la violence qui l’accompagnent, ils condamnent la formulation actuelle du texte.

Le 24 avril, jour du vote du projet de loi, est également le jour de la commémoration du génocide des Arméniens. Si la Chambre souhaitait insulter la mémoire des victimes du génocide de 1915, ils n’auraient pas pu mieux s’y prendre.

Nous demandons en conséquence à chacun des partis politiques représentés au parlement de modifier le texte de façon à y inclure la négation du génocide de 1915. A défaut de modifications avant les prochaines élections, les partis doivent s’engager formellement et publiquement, le jour du vote, à oeuvrer à le modifier après les élections s'il était adopté en l’état le 24 avril.

L’exclusion du génocide de 1915 du champ d’application de la proposition de loi répond aux attentes illégitimes du gouvernement turc. Alors que le négationnisme fait généralement partie du discours de forces politiques minoritaires mais dangereuses pour la démocratie et pour la paix civile, le négationnisme du génocide de 1915 fait partie, lui, du discours officiel de l’Etat turc lui-même et de la majorité de sa diaspora belge. Il n’en est que plus nocif à l’intérêt général et à la paix civile.

Le négationnisme de la Turquie a permis de faire régner le silence sur la violence et la haine qu’il encourage et justifie. Ces conséquences sont pourtant réelles. En Turquie, les rares Arméniens qui osent s’exprimer en public sont l’objet d’intimidations, menacés de mort ou assassinés. Le journaliste Hrant Dink, qui fut assassiné en 2007, en est le cas le plus célèbre. Le seul député arménien de Turquie, Garo Paylan, est menacé en permanence parce qu’il est arménien. L’un était, l’autre est encore un homme de paix, de dialogue et de vérité.

La haine de l’Arménien est exportée en Europe par les diplomates turcs et par les personnes sous l’influence du gouvernement de ce pays. En Suède par exemple, le vice-président de la principale organisation turque du pays dût démissionner en avril 2016 pour avoir crié « à mort les chiens arméniens » dans un discours négationniste et haineux sur la place centrale de Stockholm.

En Belgique même, notre cher pays, en 2007, une émeute à Saint-Josse s’est terminée par le saccage d’un restaurant, sous les cris de « tuez-le, c’est un Arménien ». De manière inexplicable, les autorités décidèrent de n’engager aucune poursuite et le restaurateur arménien dût quitter le quartier et essuyer seul les lourdes pertes financières. Les incidents de ce type ne sont cependant pas recensés par les institutions responsables de la lutte contre le racisme au niveau belge et européen.

La répression du discours négationnisme en tant qu’incitation à la haine ou à la violence et donc tout aussi nécessaire s’agissant du négationnisme du génocide de 1915 que s’agissant des autres génocides. Le 24 avril, la Belgique se doit d’honorer ses propres valeurs.

Telle qu'elle est formulée, la proposition de loi est une transposition d’une décision cadre de l’Union européenne et d’une Convention du Conseil de l’Europe. Il est cependant regrettable que la Belgique prenne en compte la limitation suggérée, mais pas imposée, par les textes européens au négationnisme des seuls génocides et crimes contre l’humanité qui ont été sanctionnés par une juridiction internationale. Or, le génocide de 1915 n’a pas fait l’objet d’un jugement par un tribunal international.

Cette limitation n’étant pas une obligation pour les Etats membres, nous demandons à la Chambre des représentants d’inclure tous les génocides reconnus officiellement par la Belgique dans le champ d’application de la loi.

On rappellera que la Belgique a reconnu le génocide des Arméniens en 1998 (au Sénat), puis en 2015, par un vote à la Chambre et par une déclaration du Premier ministre Charles Michel.

  • Comité des Arméniens de Belgique  
  • Centre culturel du peuple de Mésopotamie 
  • Fédération des Assyriens de Belgique 
  • Fédérations des Araméens (syriaques) 
  • Association des Grecs pontiques "Kamian 'k'en Argos"

Contact: Nicolas Tavitian, Président du Comité des Arméniens de Belgique. Tel : 0495 77 08 67   / Mail :cCette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.