Alerte au nettoyage ethnique annoncé en Azerbaïdjan

Le Collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes exprime sa plus vive inquiétude au sujet du blocus du Haut-Karabakh et appelle le gouvernement belge à intervenir pour y mettre fin. Alors que le statut de ce petit territoire est encore en négociation, il semble que le gouvernement de l’Azerbaïdjan compte régler ce problème territorial par le nettoyage ethnique de la population arménienne du Karabakh.

Depuis lundi, l’Azerbaïdjan a en effet coupé la seule route reliant les habitants du Haut-Karabakh au monde extérieur. Mardi, il a coupé également l’approvisionnement du petit territoire en gaz. Le Haut-Karabakh est un territoire de montagnes où les hivers sont rigoureux.

Le Haut-Karabakh (Artsakh) est sous blocus de la part de l’Azerbaïdjan depuis 1988. Il est cependant relié à

l’Arménie par une unique route, dite « corridor de Latchine », dont l’intégrité est garantie par l’accord de cessez-le-feu qui mit un terme à la guerre de 2020. Cette guerre avait fait plus de 6000 victimes en 44 jours.

L’Azerbaïdjan avait déjà coupé cette route cette année et coupé son approvisionnement en gaz en mars 2022. De plus, les troupes azerbaïdjanaises pratiquent un harcèlement militaire permanent de la population de ce territoire, comme de l’Arménie proprement dite. Le 13 septembre dernier, une attaque contre

l’Arménie s’était conclue par l’occupation de 140 km2 de territoire arménien et par plus de 200 nouvelles victimes. Cette guerre de basse intensité semble avoir pour objectif le nettoyage ethnique du Haut- Karabakh.

L’« International Association of Genocide Scholars » (IAGS) * ainsi que l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides ** ont tous deux lancé des alertes ces derniers mois, avertissant d’un risque de génocide dans la région. Ces deux organisations fondent leurs craintes sur la nature du discours officiel anti-arménien pratiqué en Azerbaïdjan, sur les appels à la violence et aux meurtres contre les Arméniens, sur la destruction ou la dénaturation du patrimoine architectural arménien dans les territoires contrôlés par l’Azerbaïdjan, par les exactions commises contre prisonniers civils et militaires et par le blocus et le harcèlement par l’armée de l’Azerbaïdjan de la population du Haut-Karabakh et des régions frontalières de l’Arménie. L’IAGS rappelle enfin le génocide de 1915-1916, dans la continuité duquel il faut interpréter l’histoire récente.

Notre Collectif demande à la Belgique et aux autorités européennes :

  • de s’exprimer clairement sur le risque de nettoyage ethnique de la population arménienne du Haut- Karabakh par l’Azerbaïdjan ;
  • d’entreprendre au plus vite les démarches nécessaires pour rétablir la connexion entre l’Arménie et

le Haut-Karabakh et prévenir toute aggravation future de la situation.

Notre Collectif regrette que cette information de première importance ne fasse pas l'objet d'un traitement médiatique adéquat en Belgique et appelle les médias reconnus à informer la population à ce sujet de façon appropriée.

 

*IAGS-EB-Statement-Armenia-Azerbaijan-Oct-2022_update.pdf (genocidescholars.org)

**Red Flag Alerts for Genocide (lemkininstitute.com)

 

Le Collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes est une association de fait

regroupant les associations suivantes : Association des Arméniens démocrates de Belgique ; Centre Communautaire Laïc Juif David Susskind ; Centre pour la prévention des crimes contre l’Humanité ; Comité des Arméniens de Belgique ;

Fédération Assyrienne de Belgique ; Fédération des Araméens de Belgique ; Groupe de soutien aux parties civiles

(Assises Bxl Rwanda) ; Ibuka Mémoire & Justice ; Izuba ; Institut Syriaque de Belgique ; La nuit rwandaise ; Muyira Art &

Mémoire ; Seyfo Center Belgique ; Union des Rescapés du Génocide des Tutsi (URGT).