Chers citoyens, chers députés,

Cette année marque les cent ans du génocide arménien au cours duquel, plus d’un million et demi d’Arméniens ont été massacrés sous l’Empire ottoman de 1915.

L’heure est au recueillement, mais aussi à la rupture du silence politique et médiatique qui pesait sur le premier génocide du vingtième siècle.

L’on assiste cette année à une véritable prise de conscience collective du malheur d’un peuple dont on ne connait encore bien trop souvent que les seuls noms d’artistes de références tels le papy Aznavour, Alain Prost, Patrick Fiori et bien d’autres.

Nous, jeunes arméniens de Belgique, nous nous réjouissons de l’implication de notre pays pour la protection de la mémoire de nos ancêtres et nous saluons la participation active de nos représentants politiques ainsi que des citoyens belges lors des commémorations du centenaire du génocide le 24 avril dernier. Plus récemment encore, nous avons accueilli avec soulagement la déclaration politique de notre Premier Ministre dans l’enceinte du Parlement fédéral, lors de laquelle il a reconnu, sans ambiguïté et au nom du gouvernement belge, le génocide des Arméniens. 

En reconnaissant ce génocide, notre gouvernement honore ses obligations spécifiques de prévention et de répression du crime de génocide, pour que jamais plus pareilles exactions ne soient commanditées ni exécutées. En agissant de la sorte, le gouvernement conforte également tous ceux qui, en Belgique et dans le monde, se battent avec dignité pour la vérité, au péril parfois de leur intégrité physique. Enfin, et surtout, cette reconnaissance nous permet d’attirer l’attention sur les conséquences contemporaines de ce génocide et sur le travail qui reste à réaliser pour sauver l’« Arménité » là où elle subsiste encore.

Le 7 juillet dernier, dans la foulée de ces déclarations, les députés présents en commission des Relations extérieures ont voté une proposition de résolution relative au génocide arménien. Contrairement au texte adopté par le Parlement flamand quelques mois auparavant, celle-ci présente deux fâcheuses maladresses.

D’une part, la proposition de résolution déposée par la majorité demande la commémoration de ce génocide mais refuse tout amendement voulant clarifier sa reconnaissance. D’autre part, plus problématique cette fois, le texte stipule la non-responsabilité historique et morale de la Turquie actuelle dans les évènements de 1915. Une position indéfendable compte tenu du fait qu’en continuant à nier le génocide des Arméniens et des Araméens, les autorités turques se font les héritiers de l’Empire Ottoman. Rappelons aussi ici que la République fédérale allemande s’est déclarée « coresponsable » des crimes commis par le Reich.

A l’approche du débat en séance plénière, nous demandons aux députés de la majorité et de  l’opposition d’amender ce texte en intégrant les éléments suivants :  

  • Faire la distinction entre le peuple Turc, qui ne peut être tenu responsable du génocide et de ses conséquences et, l’Etat Turc, qui s’est construit sur les avoirs des victimes arméniens et qui nie encore son existence. • 
  • Reconnaitre les conséquences contemporaines du génocide et de soutenir le travail de mémoire et de préservation du patrimoine culturel arménien. • 
  • Prendre conscience que ce débat concerne notre histoire européenne commune et que la question de la reconnaissance du génocide ne doit pas être perçue dans le seul cadre d’une réconciliation entre les Etat arménien et turc.

Cette carte blanche est co-signée par plusieurs jeunes Arméniens de Belgique.

Lien vers la pétition : https://lapetition.be/en-ligne/Reconnaissance-du-genocide-Armenien-L-avis-de-jeunes-Armeniens-de-Belgique-16027.html