Communiqué de presse du Parlement européen - 27/10

"Libérez les journalistes détenus sans preuve irréfutable d’activité criminelle", demandent les députés aux autorités turques dans une résolution votée jeudi. Depuis le coup d'État manqué du 15 juillet, le gouvernement turc a arrêté au moins 99 journalistes et écrivains, supprimé la carte de presse d'au moins 330 journalistes, et fermé les bureaux de plus de 100 médias, laissant plus de 2.300 professionnels des médias sans emploi.


"Les journalistes ne peuvent être arrêtés sur la base du contenu de leurs propos ou de leurs relations présumées", affirment les députés, qui font appel aux "autorités turques pour libérer les journalistes et professionnels des médias détenus sans preuve irréfutable d’activité criminelle" à la suite de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 qui a conduit à:
• au moins 99 journalistes et écrivains arrêtés, qui se sont vus refuser le droit d'accès à un avocat et sont maintenus dans des conditions inhumaines, victimes de menaces et de maltraitance, selon la Fédération européenne des journalistes et de l'Association turque des journalistes,
• la fermeture des bureaux de plus de 100 radiodiffuseurs, journaux, magazines, éditeurs et sociétés de distribution, en conséquence de quoi plus de 2.300 journalistes et professionnels des médias se retrouvent sans emploi;
• la privation d’au moins 330 journalistes de leur carte de presse.

Les députés condamnent fermement la tentative de coup d'État qui a eu lieu en Turquie le 15 juillet 2016, "soutiennent les institutions légitimes de la Turquie et leur droit de réagir" à la tentative de coup d’État, mais soulignent que cet événement ne peut pas servir de prétexte au gouvernement turc pour continuer de bâillonner l’opposition légitime et pacifique et d'empêcher les journalistes d'exercer leur liberté d'expression. "Une presse libre et plurielle est une composante essentielle de toute démocratie" et d’une société ouverte, rappellent-ils.

Le gouvernement turc devrait "réduire la portée des mesures d'urgence, de sorte qu'elles ne puissent plus être utilisées pour porter atteinte à la liberté d'expression" et ne pas utiliser la "législation turque anti-terroriste, définie de manière extensive," pour sanctionner les journalistes, soulignent les députés. Ils demandent au Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et aux États membres de continuer à surveiller de près les implications pratiques de l'état d'urgence décrété suite à la tentative de coup d'État et prolongée de 90 jours à partir du 19 octobre.