Le Comité des Arméniens de Belgique a appris avec émotion l’attaque survenue le 12 juillet dernier à la frontière au nord de l’Arménie. Cette attaque d’une grande violence par les forces azerbaïdjanaises, lancée en dépit de la trêve instituée par l’ONU pendant la pandémie, est sans précédent dans la mesure où elle viserait des cibles civiles sur le territoire de l’Arménie, y compris une école maternelle. 16 personnes au moins, azéris comme arméniens, ont déjà trouvé la mort dans les combats de la semaine.

Comme la plupart des médias l’ont noté, ces combats constituent le dernier épisode du conflit du Nagorno-Karabakh, qui dure depuis près de 30 ans. Le Comité des Arméniens de Belgique invite instamment le gouvernement fédéral, les médias ainsi que nos concitoyens à porter davantage d’attention à ce conflit et notre pays, membre de l’UE, à contribuer de manière constructive à la paix et à la sécurité dans la région.

Les médias belges reprennent en effet à chaque accrochage que « Bakou et Erevan s’accusent et se menacent mutuellement », mais ne prennent pas la peine de reconstituer la séquence des événements qui ont mené à l’escalade ni d’en attribuer la responsabilité.

Cette couverture médiatique paresseuse reflète l’indifférence affichée à leur tour par l’Union européenne et le gouvernement belge à l’égard du conflit. Ainsi, l’Union européenne a-t-elle « demandé instamment », comme à chaque reprise des combats, «aux deux parties de mettre un terme à la confrontation armée [et] de s'abstenir de toute action et de tout discours source de tensions […]».

Les autorités turques n’ont pas eu la même retenue: le président Erdogan, suivi par ses ministres et par la presse turque, a déclaré que « nous allons continuer d’être aux côtés de l’Azerbaïdjan avec tous nos moyens ». Rappelons que la Turquie, puissance régionale et première armée de l’OTAN en Europe, continue de nourrir une hostilité ardente et sans nuances à l’égard des descendants des survivants du génocide de 1915.

Notre pays, comme l’Europe, commet la faute de confondre neutralité et impartialité. Sa posture de neutralité constitue en effet une invitation à l’escalade et un blanc-seing aux atrocités qui accompagneraient inévitablement des combats d’envergure.

Une réelle action en faveur de la paix et des droits de l’homme exigerait que notre pays et l’Europe soient impartiaux, mais pas neutres, qu’ils se montrent bien informés et dénoncent aussi bien les infractions au cessez-le-feu que les exactions qui pourraient être commises.


Rappelons qu’à l’occasion d’un précédent épisode, en avril 2016, des soldats azéris avaient torturé ou exécuté 90% de leurs prisonniers arméniens, civils et militaires, dont certains avaient même été décapités. Ces atrocités n’ont fait l’objet d’aucune condamnation de la part de l’UE ou de la Belgique. Le nombre de précédents de ce type permettent de craindre de nouvelles atrocités à l’avenir. Ces derniers jours, le ministère de la défense de l’Azerbaïdjan a évoqué la possibilité de bombarder une centrale nucléaire en Arménie, à proximité de sa capitale, sans susciter de réaction dans les capitales européennes.