CAB- 15/11/2020

Les Arméniens devront prochainement évacuer certaines régions du Haut-Karabakh le 15 et le 20 novembre 2020, en fonction des régions. Cet exode forcé est déjà en cours et il est la conséquence du cessez-le-feu signé le lundi 9 novembre. Les Arméniens laissent derrière eux des territoires qui abritent un patrimoine particulièrement riche en monuments historiques. A partir de la semaine prochaine, des dizaines d’églises, de monastères et de cimetières plusieurs fois centenaires seront abandonnées. Le danger qu’ils soient détruits est réel. Le sort des bâtiments arméniens dans la région n’est pas sans rappeler celui de nombreux sites archéologiques en Irak et en Syrie.

On se souviendra notamment du site de Palmyre, dont les monuments ont été détruits ces dernières années. Il y a de fortes chances que le même drame se déroule au Haut-Karabakh à partir de la semaine prochaine.

La destruction du patrimoine arménien en Turquie et en Azerbaïdjan est une constante : ce patrimoine historique arménien a connu plusieurs processus de destructions par le passé. Après le génocide des Arméniens en Turquie, d’innombrables églises, monastères, châteaux et cimetières ont été entièrement rasés. La même chose s’est répétée en Azerbaïdjan même, et notamment au Nakhitchevan, une région de la République d’Azerbaïdjan se situant au sud de l’Arménie et dont la population arménienne a été chassée au  cours du 20ème siècle. La destruction systématique du patrimoine chrétien arménien au cours de ces dernières années a pu être suivie de près et documentée grâce aux images satellites. Des églises ont été dynamitées et des cimetières entièrement rasés.

Le Comité des Arméniens de Belgique exprime sa vive préoccupation à ce sujet et il craint que ce qui s’est déjà produit dans tant de régions où les Arméniens ont vécu pendant des siècles se produise également dans le Haut-Karabakh et dans les régions limitrophes. Une fois la population autochtone déplacée, la destruction du patrimoine historique contribue en effet à effacer toute trace de leur présence dans la région. Au-delà même de la question de la préservation du patrimoine historique, c’est donc le risque d’effacement de toute trace de la présence arménienne dans la région qui est en jeu.

Selon nos informations, des préparatifs seraient déjà en cours du côté azerbaïdjanais pour commencer ces opérations de destruction du patrimoine. Le Comité craint que les autorités azerbaïdjanaises profitent de la situation de transition et du fait que l’Europe, l’ONU et l’UNESCO n’ont aucune présence dans la région pour faire avancer très rapidement leur projet. De plus, beaucoup de sites se trouvent dans des lieux isolés, ce qui est propice à leur destruction sans témoin.

Un patrimoine exceptionnel est en danger. Parmi les nombreuses églises et monastères en danger, citons les célèbres monastères de renommée internationale de Dadivank, Tsitsernavank, Amaras, Khotavank et Gtchavank. De nombreux monuments ont d’ailleurs déjà été gravement endommagés par les bombardements de ces dernières semaines, dont la cathédrale Ghazanchetsots à Shushi qui est déjà passée sous contrôle des forces azéries.

Les Arméniens ont été les premiers à reconnaître le christianisme comme religion officielle. De ce fait, les territoires peuplées par les Arméniens, et le Haut-Karabakh en particulier, abritent des monuments et sites exceptionnels, parmi les plus anciens de la chrétienté, dont certains remontent aux 4ème et 5ème siècles. Ce patrimoine est reconnu dans le monde entier, y compris par l’UNESCO. Au-delà des bâtiments en tant que tels, ces monastères renferment également un patrimoine culturel très riche, dont des bibliothèques historiques célèbres qui sont essentielles pour l’étude de l’histoire du christianisme.

Appel : le Comité des Arméniens de Belgique lance un appel urgent au gouvernement belge et aux institutions européennes à manifester leurs préoccupations au sujet de ce patrimoine en péril. Le Comité souligne que nous ne pouvons empêcher cela qu’en réagissant à l’échelle internationale, ce qui signifie que l’attention de nos autorités est particulièrement très importante.

 
Nicolas Tavitian