Nicolas Tavitian  Président du  CAB -  01/09/2021

C’est la rentrée. Une fois de plus, nos écoliers rejoignent leurs écoles, celles du samedi, où ils et elles apprennent les rudiments de la langue et de la culture arménienne. Chacune de nos associations reprend son rythme, pour dispenser des cours de musique et organiser des activités sportives et des retrouvailles.

Au centre arménien, nous célébrerons le 18 septembre la résistance héroïque des villageois du Musa Dagh, en 1915. Et peu après, nous marquerons, le 21 septembre, l’indépendance de l’Arménie. Le 25, Bozar fera une projection du film « Si le Vent Tombe », par Nora Martirosyan, un film primé qui raconte le Haut-Karabakh en utilisant son aéroport comme une métaphore.

Enfin, le 27 septembre commencera dans la commune d’Ixelles un événement sans précédent en Belgique : une exposition sur la guerre en Artsakh. Cette exposition est entièrement organisée par la commune, en partenariat avec le Comité des Arméniens de Belgique. La commune y a mis des moyens considérables. L’exposition sera l’occasion d’un grand spectacle avec des artistes arméniens  : musique, chants et danses.

Cet événement est un modèle du type de collaboration que la communauté peut, et doit continuer à développer avec les autorités de ce pays. En Novembre 2020, Lisa Abadjian obtenait que le Conseil communal d’Ixelles s’exprime sur la guerre en Artsakh. Le bourgmestre, Christos Doulkeridis, et l’échevin Béa Diallo, proposaient peu après l’organisation d’une action de sensibilisation sur cette guerre. Depuis six mois, plusieurs membres du Comité et de l’UGAB Europe y travaillent avec la commune d’Ixelles. L’exposition et le spectacle qui auront lieu prochainement en sont la concrétisation.

Nous avons entendu parler tout l’été dans les médias des malheurs de l’Afghanistan. On a moins entendu – c’est un euphémisme – que l’Azerbaïdjan continue de menacer le territoire arménien et n’a toujours pas libéré les prisonniers de guerre. Pourquoi cette différence de traitement  ? L’actualité est structurée par de grands récits connus et alimentés par nos diplomates. Les diplomates belges ne veulent manifestement pas que le conflit en Artsakh soit connu. Le seul moyen de contourner cet obstacle est de faire entrer l’expérience des Arméniens dans la conscience de nos compatriotes belges par des actions de sensibilisation comme celle qui aura bientôt lieu à Ixelles : proches du terrain, en partenariat avec les autorités locales, et qui fassent appel à la solidarité de nos compatriotes.

Tel a toujours été le rôle de la diaspora : parce que nous sommes belges d’identité arménienne, nous sommes à même de servir d’interprètes, d’interpeller la société où nous vivons et de l’aider à comprendre le reste du monde, et tout particulièrement le monde arménien. Pour remplir ce rôle d’interprète, nous avons besoin d’une communauté forte. En 2022, nous serons confronté à deux opportunités pour renforcer la communauté, qui sont aussi des défis.

La première de ces opportunité, ce sont les élections communautaires. Tous les Arméniens de Belgique peuvent – et doivent – participer aux choix de ceux qui les représenteront auprès du gouvernement et du Parlement. L’année qui vient de s’écouler nous a montré combien cette représentation est importante. Elle nous a montré aussi combien la participation de tous au choix de leurs dirigeants est essentielle ! Tous les Arméniens du pays peuvent voter aux élections à condition d’être inscrit au registre. Si vous avez reçu ce numéro du Hay par email, vous êtes déjà inscrit. Bravo. Sinon, je vous invite à vite vous inscrire, sur www.armencom.be/fr/participer.

L’autre défi de 2022 est le centenaire de la Communauté. Ce centenaire est une occasion unique pour notre communauté de se raconter, et donc d’affirmer son existence en Belgique. Se raconter, et marquer son ancienneté. Saviez-vous que sous l’Empire romain, l’un des tous premier évêques de ce qui deviendra la Belgique était Saint Servais – né en Arménie en l’an 300, mort à Tongres en 384 ? Saviez-vous encore que c’est Théophanou, princesse d’une grande famille arménienne de Byzance, qui apporta dans cette région le culte de Saint Nicolas après son mariage avec l’Empereur du Saint Empire, Otton II?

Le passé récent n’est pas moins fascinant : les Arméniens de Belgique ont chacun un parcours familial ou personnel unique, que leurs voisins soupçonnent rarement. Ce sont toutes ces histoires, tous ces parcours qui font notre richesse et qui, dans leur ensemble, permettent de raconter les Arméniens à nos compatriotes de Belgique. Le centenaire en sera l’occasion.

Bonne rentrée à tous !